Par Éric Boniface Tchouakeu
Agé de 64 ans et physiquement diminué à la suite d’un accident vasculaire cérébral en 2018, la candidature de Ali Bongo Ondimba, élu président du Gabon pour la première fois en 2009,après le décès de son père qui avait passé 41 ans au pouvoir, ne fait pas l’objet de contestation, tout au moins en comparaison avec le Sénégal.
Dans ce dernier pays de l’Afrique de l’ouest, le Président Macky Sall a dû, sous la contrainte populaire, renoncer à solliciter un troisième mandat présidentiel consécutif à l’élection présidentielle de février 2024. Il ‘a pourtant qu’effectuer un septennat et un quinquennat pour un total de douze (12) années à la tête du Sénégal.
La constitution du pays modifiée en 2016 qui réduit notamment la durée du mandat de sept à cinq ans, ne donne la possibilité à une personne que d’exercer au plus deux mandats présidentiels de façon consécutive. Et le Président Macky Sall qui estime que la révision constitutionnelle de 2016 a remis les compteurs à zéro, pense être légalement qualifié pour candidater à la prochaine élection présidentielle dans son pays, même s’il ne le fera pas.
C’est la même interprétation après les révisions intervenues en cours de mandat présidentiel limité, que les juges constitutionnels ont fait en Côte d’Ivoire à propos de la candidature du Président Alassane Ouattara ou encore en Guinée au sujet de celle d’Alpha Condé qui ont tous les deux pu briguer trois mandats présidentiels consécutifs, avec cependant moins de succès pour Alpha Condé, renversé par un coup d’Etat militaire en septembre 2021.
Contrairement au Sénégal et à la Côte d’Ivoire, il n’y a plus de limitation du nombre de mandat présidentiel au Gabon, comme dans de nombreux pays notamment en Afrique centrale.
Il convient de mentionner que l’idée de la limitation du nombre de mandat présidentiel en Afrique, est apparue pour résoudre principalement la question de l’alternance démocratique ou de changement pacifique de personnes à la tête des pays, en réduisant notamment le nombre de coups d’état.
La limitation du nombre de mandat a aussi vocation à résoudre les problèmes de contestations des élections généralement émaillées de fraudes massives de diverses natures au profit du pouvoir sortant dans de nombreux pays dans lesquels le système électoral n’offre pas suffisamment des garanties de transparence et de crédibilité des scrutins.
C’est dans ce contexte que ce que l’on peut appeler les « troisièmes mandats » sont perçus minimalement comme une espèce de fraude à la constitution subrepticement orchestrée par celui qui tente cette aventure.
Seules les institutions fortes et un peuple déterminé sont alors en mesure de stopper de pareilles forfaitures.