Par Sandra Embollo
C’est un dossier « de 170 pages » qui a été transmis à la Cour Pénale Internationale, selon Juan Branco, l’avocat français de l’opposant Ousmane Sonko. Il affirme avoir reçu plus de 4 500 éléments de preuves sur des « crimes » commis au Sénégal depuis mars 2021. L’avocat et son équipe ont sélectionné « 710 éléments de preuve des exactions » du pouvoir sénégalais, pour servir de support à la demande d’enquête à la CPI. Il dit avoir établi « le meurtre de 50 personnes » entre mars 2021 et juin 2023, et plusieurs milliers de détentions arbitraires et d’atteintes à la vie et blessures.
Il cite plusieurs dizaines de noms, au sein de la famille du chef de l’État, du gouvernement, ou encore de l’appareil sécuritaire.
« Nous avons mené ces derniers mois une longue enquête avec la participation de centaines de Sénégalais qui nous a permis d’établir l’existence de 60 crimes, considérés comme des crimes contre l’humanité. Ces crimes ont été commis dans le cadre d’une attaque générale et systématique contre une population civile ».
a expliqué l’avocat devant la presse.
L’avocat français Juan Branco a présenté lors d’une conférence de presse le contenu des 170 pages de la plainte déposée mercredi soir devant le pôle crimes contre l’humanité du tribunal judiciaire de Paris, ainsi que la demande d’enquête à la CPI.
« Cette démarche va entraîner pour les personnes visées des conséquences pour le restant de leurs jours, car les crimes qui ont été commis sont imprescriptibles ».
a affirmé Juan Branco, qui est l’un des avocats d’Ousmane Sonko.
Nous demandons d’ouvrir sans délai un examen préliminaire et une enquête. La procédure concerne donc la période entre les émeutes de mars 2021 et les violences de ce mois de juin, qui ont fait au moins 16 morts officiellement, 30 selon l’opposition. Juan Branco demande désormais au bureau du procureur de la Cpi de se saisir de ces éléments. Ce sera à la Cour de décider, ou pas, de l’ouverture d’une enquête.
« La présidence de la République, elle-même, en tant qu’institution, a mis en place des commandes d’armes particulièrement massives dont nous avons retracé le cheminement », a-t-il affirmé, citant « la livraison de 104 tonnes d’armes à la présidence au deuxième semestre 2022 ».
« On a entendu dire que l’État du Sénégal, ses plus hautes autorités, vont être déférés devant la Cour pénale internationale. Ce sont des fanfaronnades. Ceux qui le disent n’ont ni la qualité, ni la capacité de le faire. Il y a une confusion parce qu’on veut ternir l’image du Sénégal et sappé le moral des forces de défense et de sécurité ».
Une démarche rejetée en amont par le ministre de Forces armées et ancien président de l’Assemblée des États parties de la Cpi. Maitre Sidiki Kaba, lors d’une conférence de presse du gouvernement la semaine dernière :
La ministre sénégalaise des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall, réagit sur Rfi et France 24 en qualifiant cette démarche de « puérile et ridicule ».