Par Sandra Embollo
Quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, le porte-parole du gouvernement, Amadou Moustapha Ndieck Sarré, a pris la parole sur la chaîne de télévision Tfm pour revendiquer une « large victoire » aux élections législatives anticipées organisées ce dimanche 17 novembre au Sénégal. « Je rends hommage au peuple sénégalais pour la large victoire qu’il a donnée au Pastef », le parti du président et du Premier ministre, a-t-il déclaré en précisant être en possession de « 90 à 95 % des résultats ». « Les tendances lourdes montrent que le Pastef aura une majorité qualifiée », a-t-il dit sans préciser combien la formation aurait de députés sur les 165 que compte l’Assemblée. Les premiers résultats officiels provisoires seront eux annoncés mardi 19 novembre.
Le Pastef arrive en tête dans une grande majorité des centres de vote dont les médias ont annoncé les résultats provisoires. Plusieurs figures de l’opposition ont d’ailleurs rapidement félicité la formation. Dès 22h, le maire de Dakar, Barthelemy Dias, par ailleurs tête de liste de la coalition Samm sa Kaddu, a salué la victoire du Pastef et félicité le peuple sénégalais pour avoir fait entendre sa voix dans le calme. Candidate à la dernière présidentielle, Anta Babacar Ngom a fait de même, tout comme Bougane Gueye Dany, lui aussi membre de la coalition Samm Sa Kaddu, exhortant désormais le Premier ministre, Ousmane Sonko, « à se pencher sur les besoins des Sénégalais ».
Les militants du Pastef dans les rues de Dakar
Enfin Peu avant 23h, l’ancien Premier ministre Amadou Ba aujourd’hui à la tête de la coalition Jàmm Ak Njariñ, a salué quant à lui « la maturité et la responsabilité du peuple sénégalais tout au long du processus électoral » et adressé ses félicitations au Pastef « pour cette victoire qui reflète la volonté du peuple » et pour ce qui est, selon lui, « au-delà des clivages, une victoire pour notre démocratie et le Sénégal ». Le Pastef a battu Amadou Ba et Barthélémy Dias dans leurs bureaux de vote respectifs, selon les résultats partiels qui indiquent aussi que le chef du gouvernement, Ousmane Sonko, l’a largement emporté dans son bureau à Ziguinchor, dans le sud du pays.
De leur côté, les militants et partisans du Pastef n’ont pas tardé à descendre dans les rues de Dakar pour célébrer leur victoire. Derrière le véhicule d’Abass Fall, la tête de liste du parti dans la capitale, des centaines de jeunes à moto et en voiture savourent le moment. « On est venu pour faire la fête car le Pastef a tout remporté ! Deux victoires en un an [à la présidentielle et aux législatives, Ndlr], c’est spectaculaire ! », s’enthousiasme ainsi Mamie Manga, une militante du quartier Sicap Baobab.
Un scrutin sans incident majeur
Bien que la coalition Takku Wallu Sénégal de l’ancien président Macky Sall dénonce dans un communiqué une « fraude massive organisée par le Pastef », aucun incident significatif n’a été rapporté durant le scrutin, comme à l’école maternelle du quartier Hlm Grand Medine, à Dakar. Seul petit couac dans les opérations de vote ici : la lenteur avec laquelle elle se sont déroulées à cause du grand nombre de listes en lice, explique une observatrice de la société civile. Sur deux rangées de bureaux d’écoliers, 41 bulletins de vote étaient à la disposition des électeurs qui n’étaient autorisés à n’en prendre que cinq… Malgré cela, pour cette électrice à la retraite, il n’était pas question de rater le rendez-vous car « il y va de l’avenir de notre pays, confie-t-elle. Il faut qu’il y ait des députés pour voter les lois ». Différents acteurs ont fait état d’une participation moindre qu’à l’élection présidentielle du mois de mars : 49,72 % au niveau national ce dimanche, contre 61,3 % il y a huit mois. Aux législatives de 2022, ce chiffre avait été inférieur, à 46,6 % des inscrits.