Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Si vous voyez le père,
Dites-lui notre fâcherie
Si vous rencontrez le roi
Dites-lui le goitre de notre colère
Les enfants sont affamés et nos femmes s’en vont,
Nos parents sont mourants faute de soins !
Si vous voyez le père,
Faites lui le dessin de nos tourments,
Signifiez-lui que l’avidité a bouffé ses promesses,
Dites-lui que ses émissaires sont des mercenaires,
Prenez une photo !
Montrez-lui que nos larmes coulent de sang !
Si vous rencontrez le père,
Dites-lui qu’il se lève au petit matin,
Le brouillard dans la vallée est notre lettre de misère,
Écrite avec l’alphabet immaculé d’une langue morte,
Le tranchant du froid est le souffle du chagrin,
Nos bourreaux ont volé notre parole de notre dignité !
Si vous voyez le père,
Dites-lui que nous n’avons plus de nom
Dites-lui que notre nom est personne,
Dites-lui que nous sommes à l’échafaud de notre foi en lui !
Si vous rencontrez le prince,
Criez que nos bourreaux exigent de danser les complaintes,
Ils disent que tu as oublié la merde que nous sommes,
Ils demandent de rire, tels des idiots dans la misère,
Ils écrivent nos noms sur les linteaux de la cité,
Avec l’encre de nos larmes et de nos urines !
Si vous voyez le père,
Dites-lui que nous l’attendons dans la vallée,
Dites-lui que nous cherchons la voix pour lui dire,
Qu’il descende vers nous dans la plaine de lamentations
Qu’il vienne avec sa couronne et son sceptre d’or
Qu’il nous soutienne à exister en tâtonnant,
Sous l’ombre de sa présence au milieu de notre deuil.
Léopold DASSI NDJIDJOU