Par Joseph OLINGA N.
C’est assurément l’un des contrastes les plus marquants de l’économie camerounaise. Le pays, 7e exportateurs mondial et 3e africain de bois tropical, coupe environ 4 millions de mètres cubes par an sans que les effets de cette exploitation intensive ne se ressentent sur l’économie globale depuis 40 ans. Principale zone d’exploitation, la région de l’Est reste classée parmi les plus pauvres du Cameroun avec celles de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua.
Dans les faits, les grumes massivement exportées ne permettent pas la construction des routes d’exploitation, la création d’entreprises ou l’épanouissement des petites et moyennes entreprises (Pme) locales. De même que cette exploitation, dont la gestion des revenus constitue un serpent de mer, est loin de se faire sur la base d’un inventaire des essences connu. La réalité, elle, est à la coupe sauvage des essences, une exploitation surhumaine des ressources locales et le non-reversement de la plus-value aux populations locales.
Difficile, dès lors de croire que le bois représente environ 10% du produit intérieur brut (Pib), selon les estimations de nombreuses organisations non gouvernementales (Ong). Les mêmes indiquent à ce sujet que le Cameroun perd environ 100 milliards de francs par an, du fait de l’incurie qui règne dans cette filière.
Pourtant, soulignent de nombreux experts, le Cameroun gagnerait en régulant ce secteur. Plus explicite, le Centre pour l’environnement et le développement (Ced) souligne que, «si le Cameroun procédait à la première transformation du bois issu de ses forêts, il gagnerait 60 milliards de francs Cfa en plus des 10 milliards représentant les impôts et les taxes». La même étude révèle que le fait, pour le Cameroun de ne pas réguler ce secteur lui fait perdre 55 mille emplois.
Minerais
Il en est de l’exploitation forestière comme de celle des mines. La région de l’Est, confrontée à une pauvreté endémique, fait pourtant partie des zones géographiques abritant les plus grands gisements de minerais du pays. Des réservoirs dont la plupart sont attribués à des exploitants qui, le plus souvent font peu de cas du développement local et du bien-être des populations riveraines.
Des cas d’abus sur les populations et les espaces sont légion, sans pour autant que les mandants de l’Etat prennent des mesures conséquentes. Reste que le pays, selon les découvertes rendues publiques, bénéficie de nombreux gisements dont les critères d’attribution de titres d’exploitation restent questionnables.
Le gisement de fer de Mbalam, confié à Sundance Ressources, le gisement de nickel et de celui de cobalt de Nkamouna, dont la licence d’exploitation a été confiée à Geovic Mining Corp. et le gisement de diamant de Mobilong, vont-ils changer la donne dans un pays où le potentiel local n’est pas toujours porteur des germes du développement ?