Par Joseph OLINGA N.
C’est une note d’espoir que font souffler l’Institut national de la statistique (Ins) et le ministère du Commerce (Mincommerce). Pour ces deux entités, les factures liées aux importations de riz, de poisson, de blé, de lait et de sucre sont en baisse en comparaison avec les années précédentes. Partie de 522 milliards de francs en 2013, la facture est actuellement évaluée à un peu moins de 400 milliards par des organismes publics. Bien peu, selon les analystes des impacts occasionnés par cette réalité sur l’économie globale et le panier de la ménagère.
L’Ins reconnaît que le manque à gagner enregistré par le Cameroun reste exorbitant. Et, même les conditions d’assouplissement édictées par le gouvernement n’y changent pas grand-chose au coût réel de la vie depuis 40 ans. La loi du marché ayant sa logique, la demande ne cesse d’augmenter les importations. Du coup, l’ardoise s’alourdit et l’impact réel sur la balance commerciale du pays demeure négatif.
Près de trois décennies après l’annonce de mesures visant à réduire les coûts des produits de de première nécessité, le riz, ceux-ci continuent de représenter 80% des importations de produits alimentaires. Une réalité qui, reconnaït le gouvernement, traduit la vulnérabilité du Cameroun au plan de l’autosuffisance alimentaire.
Autrefois surnommé «grenier de l’Afrique centrale», le Cameroun peine à se nourrir malgré le potentiel de ses terres, son climat, ses vastes étendues d’eau et les prédispositions de ses populations à produire. Une réalité ayant conduit, en fin février 2008 aux «émeutes de la faim». Comment en est-on arrivé là ?
Grenier de l’Afrique
Pour les spécialistes, il faut remonter au début des années 1980 pour comprendre pourquoi le pays, pourtant gâté en ressources et en potentiel agricole, se retrouve dans une dépendance alimentaire chronique. Selon ces experts, le Renouveau a sacrifié l’agriculture et l’autosuffisance alimentaire en se consacrant exclusivement aux politiques économiques (défense, santé, éducation et diplomatie) édictées par le Fonds monétaire international (Fmi).
Peut-on pour autant dédouaner le Renouveau de ce choix qui coûte au Cameroun des centaines de milliards de francs ? D’autant que, pendant que les agriculteurs, producteurs camerounais ainsi que de nombreuses entreprises de souveraineté, étaient sacrifiés, les mêmes secteurs bénéficiaient de nombreuses attentions en Europe et aux Etats-Unis, défenseurs des exigences des bailleurs de fonds internationaux.