Par Joël Onana
Désormais, le Comité militaire de transition, la junte militaire à la tête du pays depuis le décès d’Idriss Déby père en avril 2021, n’existe plus officiellement. Mahamat Idriss Déby Itno peut donc être considéré comme seul maître à bord du bateau Tchad aujourd’hui.
La nouvelle charte renforce en outre ses pouvoirs. C’est lui qui va nommer le Premier ministre et le gouvernement, qu’il pourra démettre quand il le voudra. Cette charte, révisée par le dialogue national dit « inclusif et souverain “, lui donne également la possibilité, s’il le désire, de se présenter à la prochaine élection présidentielle, malgré l’injonction contraire de l’Union africaine.
Mais « sa tâche ne sera pas facile », reconnait un de ses conseillers, en parlant d’un cahier de charges très volumineux et impossible à mettre en application dans les 24 prochains mois.
Dans son discours d’investiture, Mahamat Idriss Déby Itno s’est donc fixé des priorités. La principale : tenir au plus vite un référendum sur la forme de l’État et travailler au retour à l’ordre constitutionnel avant la fin de la transition.
Mais il ne veut pas en rester là. Le président de transition a promis de mettre fin aux conflits intercommunautaires, améliorer l’accès aux soins, à l’eau potable, ou encore lutter contre les pénuries d’électricité. Et il a fait des promesses chiffrées : « Un véritable programme électoral », s’est exclamé un opposant.
Et pour cela, il a promis de s’entourer d’un « gouvernement d’union nationale ». Mais est-ce un oubli ou une omission volontaire ? La réforme de l’armée, pourtant au cœur des débats du dialogue, n’a pas été évoquée.
Avec cette nouvelle ère, j’espère qu’il y aura une volonté politique pour changer les choses. Mais si c’est les mêmes têtes qui continuent, ça va être difficile que les choses changent.
Mais la société civile, l’opposition et la diaspora tchadiennes sont inquiètes de l’avenir politique du pays. Quarante personnalités ont signé et publié ce lundi, un communiqué évoquant « les risques d’un plan de succession dynastique au Tchad. » Les signataires du texte estiment que les recommandations de ce dialogue ne constituent pas une base solide pour la réconciliation nationale. Ils appellent à un retour à l’ordre constitutionnel au plus vite.
Le dialogue a accouché d’une souris et on s’inquiète des lendemains de notre pays. Parce que les gens sont sortis déçus de ce dialogue. Et la question de la souveraineté de ce dialogue pose des problèmes.