Par Joël Onana
Les partisans de Succès Masra se préparaient fiévreusement à l’accueillir le 18 octobre à Ndjamena après un an d’exil. Ils avaient pour cela envoyé ce jeudi matin une correspondance au ministre de la Sécurité publique pour l’informer de son heure d’arrivée et de dispositif prévu pour un retour qui se voulait « triomphal ». Ils en ont également profité pour demander au ministre des « mesures de sécurité » appropriées pour le grand jour. Et puis, ils ont commencé à voir circuler, quelques heures plus tard sur les réseaux sociaux tchadiens, un mandat d’arrêt international à l’encontre de leur leader. En cause, « un message à la nation » qu’il avait adressé au peuple tchadien en mai 2023 sur sa page Facebook. La justice tchadienne lui reproche d’avoir, à cette occasion, « incité les Tchadiens du Sud à la haine et à la révolte ».
Succès Masra qui avait fui le pays à la suite de la sanglante répression de la manifestation contre le pouvoir de transition du 20 octobre 2022, est recherché notamment pour « tentative d’atteinte à l’ordre constitutionnel, incitation à la haine et à un soulèvement insurrectionnel », selon ce mandat.
Le procureur général près la cour d’appel de Ndjamena, Mahamat Elhadj Abba Nana, qui a émis ce mandat d’arrêt international contre l’opposant tchadien, nous a confirmé son authenticité. Il nous a clairement laissé entendre que l’opposant pourrait être arrêté à son retour au pays prévu moins de deux semaines.
Pour rappel, Succès Masra avait quitté clandestinement le Tchad une dizaine de jours après la répression sanglante du 20 octobre, qui a fait de 75 à 300 morts, selon les sources. Le gouvernement de transition l’accuse alors alors d’être l’instigateur d’un mouvement insurrectionnel qui visait à renverser le pouvoir et il le menace de poursuites.
L’opposant s’est installé aux États-Unis et n’a cessé depuis lors de se déplacer entre le continent américain, européen et africain, jusqu’à ce qu’il annonce il y a un mois son intention de retourner à Ndjamena le 18 octobre prochain. Plusieurs hauts responsables tchadiens contactés par notre source s’étaient montrés plutôt rassurants sur le sort qui l’attendait à son retour au pays. « Si Succès Marsa veut revenir, la porte est ouverte », avait d’ailleurs lancé sur nos antennes le ministre de la Réconciliation, Abderaman Koulamallah, en rappelant que le président de transition avait accordé sa grâce à plus de 500 personnes condamnées pour leur participation aux manifestations du 20 octobre.