Par Sandra Embollo
C’est une affaire qui tourne au vaudeville. La Fédération internationale de football (Fifa) fait face à une hémorragie au sein de son service juridique, alors qu’elle est en train de le transférer de Zurich à Miami, aux Etats-Unis, révèle la Nzz am Sonntag. Quelque 90 employés ont quitté l’organisation ou prévoient de le faire, et parmi ceux-ci figurent des experts des droits télévisuels, du sponsoring ou encore du dopage.
Le journal dominical revient sur la genèse de cette affaire, alors que la fédération a accepté vendredi de modifier ses statuts, lui permettant désormais de déplacer son siège mondial installé à Zurich depuis 1932. C’est en septembre 2023 que la Fifa avait annoncé sa décision de transférer son service juridique, son service d’audit interne et son service de gestion des risques à Coral Gables, près de Miami. Selon les plans présentés à l’époque, les employés concernés auraient dû être transférés sur la côte est des Etats-Unis en l’espace de quelques mois.
Un plan qui ne se déroule pas sans accroc
Or, comme le souligne la NZZ am Sonntag, tout ne s’est pas passé comme prévu. Les employés auraient été pris au dépourvu. Certains ont d’abord accepté de déménager, avant de revenir sur leur décision après avoir pris connaissance des conditions. Selon une source interne de la Fifa, citée par le média alémanique, l’organisation aurait sous-estimé les réactions qu’une telle décision provoquerait.
Les déclarations de Gianni Infantino dans un entretien accordé en décembre 2023 au Tages-Anzeiger n’ont pas aidé. Le président de la Fifa invitait les employés à se montrer plus flexibles. «Ils doivent être prêts à faire leurs valises, même avec leur famille, et à déménager pour quelques années en Amérique ou en Asie», avait-il lancé, comparant leur situation à celle des ambassadeurs qui changent régulièrement de pays. Des propos qui ont provoqué une détérioration de l’ambiance au sein de l’organisation, observe la Nzz am Sonntag.
Le journal dominical souligne que les motivations qui ont poussé la direction de la Fifa à lorgner du côté des Etats-Unis restent mystérieuses. Espérait-elle y trouver un cadre juridique plus attractif qu’en Suisse? Bénéficier de meilleures conditions fiscales? Nul ne le sait. Pour l’heure en tout cas, les Etats-Unis ne se montrent pas beaucoup plus accueillants que la Suisse. La NZZ am Sonntag indique que les demandes de permis de travail s’avèrent compliquées. L’ancien président de l’organisation Sepp Blatter confie d’ailleurs au média qu’à son époque, un tel transfert aurait été impensable. Selon lui, personne ne comprend cette décision.
Espoirs douchés
Outre son déménagement à Miami qui semble tourner à la débâcle, ce sont les espoirs parisiens de la Fifa qui ont été récemment douchés. L’organisation avait installé en 2021 une représentation dans la Ville Lumière, sans doute appâtée par la volonté du président français Emmanuel Macron de transformer son pays en paradis fiscal des fédérations sportives. Celui-ci voulait les exonérer de l’impôt sur les sociétés et d’autres cotisations, mais le Conseil constitutionnel a censuré la réforme en décembre 2023.
Sur tous ces sujets, la Fifa n’a pas souhaité s’exprimer, malgré les tentatives de la Nzz am Sonntag d’obtenir des explications. Mais face à toutes ces déconvenues, l’organisation a tenté de se montrer rassurante vendredi, en marge de son congrès à Bangkok. Elle s’est dite heureuse en Suisse, et a même affirmé qu’elle prévoyait d’étendre sa représentation dans d’autres régions du pays. Reste à savoir si ce qui apparaît comme un revirement parviendra à stopper l’hémorragie.
