Par Sandra Embollo avec Afp
Ce milliardaire controversé, au pouvoir de 2001 jusqu’au coup d’Etat de 2006, est allé prier jeudi matin au sanctuaire du pilier à Bangkok avant de s’envoler pour trois jours en jet privé pour Chiang Mai (nord). Après avoir atterri dans sa ville natale et son bastion politique, il a été accueilli par sa jeune soeur et l’époux de cette dernière avant de se rendre dans un parc et de saluer ses partisans.
“Cela fait 17 ans que je l’attends”, se félicite Samniang Kongpolparn, venu de la province de Surin (nord-est), dans le parc.
A ses côtés, Paisal, chauffeur de taxi à Bangkok, explique à l’Afp avoir fait le déplacement pour voir l’ancien homme politique qu’il appelle “le Premier ministre de mon cœur”. Au cours de la visite dans son ancien fief, M. Thaksin doit rencontrer sa famille et ses partisans et prier sur les tombes de ses proches.
Jeudi matin, des dizaines de médias l’attendaient devant le sanctuaire de Bangkok où Thaksin, vêtu d’une chemise bleue et portant une minerve, a prié vers 05H00 locales (22H00 Gmt mercredi). Il était accompagné de sa fille Paetongtarn, aujourd’hui à la tête de son parti, le Pheu Thai, et de son mari.
L’ex-Premier ministre était rentré d’exil le 22 août 2023 après 15 ans à l’étranger et immédiatement placé en détention – en très grande partie dans un hôpital de la police à Bangkok en raison de problèmes de santé. Initialement condamné à huit ans de prison pour corruption et abus de pouvoir, il a bénéficié en septembre d’une grâce du roi Maha Vajiralongkorn qui a réduit sa peine à un an d’emprisonnement en raison de son âge et de ses problèmes médicaux.
Le retour en Thaïlande de l’ancien propriétaire de Manchester City a eu lieu peu de temps après l’arrivée au pouvoir de son parti, le Pheu Thai, à la tête d’un gouvernement de coalition.
Traitement spécial
Vieux lion de la vie politique thaïlandaise, M. Thaksin garde une influence par le biais de son parti.
Personnalité ultra-populaire au début des années 2000 et bête noire de la monarchie durant ses années au pouvoir, il est suspecté d’avoir passé un pacte avec ses anciens adversaires afin de pouvoir rentrer en Thaïlande, ce que le gouvernement a démenti. Il a été autant adulé des campagnes, grâce à ses politiques pionnières de redistribution, que haï des élites traditionnelles de Bangkok, qui le trouvaient populiste et insolent vis-à-vis du roi Bhumibol.
Ramet Rattanachaweng, porte-parole du parti royaliste Democrat, a déclaré que les Thaïlandais suivront de près l’évolution de la situation pour voir si M. Thaksin bénéficie d’un traitement spécial.
Il “est en liberté conditionnelle. S’il obtient quelque chose qui va au-delà des règles habituelles, les services pénitentiaires devront s’expliquer”.
a déclaré M. Ramet.
Pour beaucoup, l’ex-chef de gouvernement continue d’avoir une grande influence sur le Pheu Thai, et lors de sa libération le mois dernier, le Premier ministre avait déclaré que “tous les membres du gouvernement seraient prêts à écouter” l’ex-dirigeant. M. Srettha, qui doit se rendre à Chiang Mai à partir de vendredi – à son retour de visites officielles en Allemagne et en France – a déclaré à des journalistes à Paris qu’il rencontrerait M. Thaksin “si l’occasion se présente”, selon la chaîne de télévision publique ThaiPBS.
Cet ancien policier devenu magnat des télécommunications, est toujours aimé par des millions de Thaïlandais ruraux pour ses politiques populistes du début des années 2000, mais il est depuis longtemps contesté par l’establishment royaliste et pro-militaire du pays.
“Sous l’ère de M. Thaksin, (…) notre pays s’était amélioré. Il a effacé la dette de la Thaïlande”.
a souligné Paisal, un partisan de Thaksin, dans le parc de Chiang Mai.