Par Mon’Esse
Les pilotes de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) ont annoncé un mouvement de grève de 8 jours, à l’appel du Syndicat des pilotes de ligne et ingénieurs navigants de l’aviation civile au Cameroun (Spinac).
Dans un préavis y relatif, adressé le 5 avril au délégué régional du Travail et de la Sécurité sociale du Littoral, ils dénoncent notamment une «menace grave à la sécurité des vols», annonçant un «danger imminent», une tension sociale explosive, une incapacité outrancière à assurer la maintenance des aéronefs.
Sur 9 pages, les protestataires dressent un état sans concession de la compagnie, avec ses 12 appareils déclarés dont 8 sont cloués au sol pour défaut de maintenance, 4 étant la propriété de la compagnie et le reste en statut hybride.
Le mot d’ordre d’arrêt de travail, insistent les protestataires, ne pourra être levé qu’après satisfaction des exigences, dont la moindre n’est pas la «restructuration radicale de Camair-Co, avec participation intégrale et active du Spinac».
En janvier 2022, la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) jugeait «nécessaire» la restructuration financière, sociale et organisationnelle de la compagnie, préalablement appelée à rechercher un investisseur privé à même de reprendre au moins 51% des parts de son actionnariat, suivi de la mise en œuvre de son plan social.
Le rapport de cette institution, aujourd’hui dissoute, recommandait aussi le développement du marché avec, comme priorité, la desserte du réseau national avant l’extension à la sous-région Afrique centrale et de l’ouest si sa rentabilité est établie, au terme d’une étude de réseau à réaliser.
En 2020, rappelle le document, l’activité de la Camair-Co était rythmée par la suspension de l’exploitation, la mise en chômage technique de près de la moitié du personnel, la reprise de l’exploitation de la compagnie en mi-octobre ainsi que la mise en œuvre d’un plan social ayant abouti à des licenciements pour motifs économiques, le chiffre d’affaires ayant en outre chuté de 78% entre 2019 et 2020.
Avec une trésorerie affectée par un relèvement de sa créance en augmentation de 4,76% pendant la même période, le résultat net s’était affiché à -12,4 milliards Fcfa (plus de 21,7 millions de dollars) pour des capitaux propres de -16%, et ce malgré une subvention d’exploitation mobilisée à hauteur de 27,8 milliards de francs par l’Etat
Une étude diagnostique du CTR sur la compagnie, réalisée en 2020, a notamment relevé une structure financière déséquilibrée depuis la création, en septembre 2016 mais également
«une politique financière inadaptée, un objet social insuffisamment réalisé, l’existence de problèmes de tarification, de système de vente et d’organisation ainsi que l’absence de réseau».