Par Sandra Embollo, Avec Afp
Rached Ghannouchi a été arrêté à son domicile, en pleine rupture du jeûne, lundi soir. Sa maison a été fouillée et le dirigeant politique embarqué vers la brigade antiterroriste de la garde nationale sans qu’aucun chef d’arrestation ne lui soit présenté, selon la version donnée par son parti. Celui-ci évoque donc un « enlèvement » et non une arrestation. Dans un communiqué, il appelle à sa « libération immédiate ».
Ces derniers mois, le leader politique avait été convoqué à de nombreuses reprises par la justice qui le soupçonne d’être lié à des affaires de terrorisme, de blanchiment d’argent ou encore à des tentatives de déstabilisation du régime actuel. Il avait comparu en février au pôle judiciaire antiterroriste à la suite d’une plainte l’accusant d’avoir traité les policiers de « tyrans ». L’opposant avait également été entendu en novembre 2022 par un juge du pôle judiciaire antiterroriste pour une affaire en lien avec l’envoi présumé de jihadistes en Syrie et en Irak. En juillet de la même année, il avait aussi été interrogé pour des soupçons de corruption et blanchiment d’argent liés à des transferts de fonds depuis l’étranger vers une organisation caritative affiliée à Ennahdha.
Des opposants interpellés
Âgé de 81 ans, Rached Ghannouchi, ancien président de l’Assemblée tunisienne avant que celle-ci ne soit gelée par le président Kaïs Saïed, connaît, à son tour, le même sort que la vingtaine d’opposants arrêtés depuis février dernier. Ces interpellations, parmi lesquelles des ex-ministres, des hommes d’affaires et le patron de Mosaïque FM, ont été dénoncées par des ONG locales et internationales.
Cette arrestation est intervenue en pleine nuit dite « du destin », la nuit la plus sacrée du ramadan. Un timing qui a suscité l’indignation de certains membres du parti islamiste Ennahdha, qui voit dans cette arrestation une façon, pour le pouvoir, de faire diversion alors que le pays traverse une grave crise économique.