Par Joël Onana
Recep Tayyip Erdogan, reconduit dimanche dernier à la tête de la Turquie, a prêté serment à Ankara pour un nouveau mandat de cinq, ce samedi à 15h, au siège du parlement. Il devrait annoncer le nouveau cabinet ministériel en soirée. Le chef de l’État, au pouvoir depuis vingt ans, a juré devant les 600 députés élus le 14 mai “d’assumer son devoir avec impartialité”, selon la cérémonie retransmise en direct sur les télévisions.
“En tant que président, je jure sur mon honneur et mon intégrité devant la grande nation turque et l’Histoire de sauvegarder l’existence et l’indépendance de l’État (…) de respecter la constitution, l’état de droit, la démocratie, les principes et les réformes d’Atatürk ainsi que les principes de la république laïque.”
Receip Tayyip Erdogan.
Recep Tayyip Erdogan, contraint pour la première fois à un deuxième tour, a obtenu 52,18% des votes contre 47,82% à son opposant, le social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu, selon les résultats officiels publiés jeudi, au terme d’une campagne amère qui laisse le pays polarisé entre les deux camps.
Adhésion de la Suède à l’Otan
Selon les médias turcs, une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement devaient assister à la cérémonie. Parmi eux, le président d’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, proche allié de Recep Tayyip Erdogan, et les premiers ministres de Hongrie, Viktor Orban, et du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, qui furent parmi les premiers à le féliciter pour sa réélection après vingt ans de pouvoir.
Mais c’est la présence du secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, qui devait jeter un éclairage particulier sur les festivités.
La Turquie, qui maintient son véto à l’entrée de la Suède dans l’Alliance atlantique depuis treize mois, se fait courtiser pour accepter de le lever d’ici – ou lors – du sommet de l’Organisation à Vilnius en juillet. Malgré une Constitution amendée et une nouvelle loi contre le terrorisme, Ankara reproche toujours à la Suède d’abriter des réfugiés kurdes qu’elle qualifie de “terroristes”.
“Message limpide à nos amis suédois! Respectez vos engagements (…) et prenez des mesures concrètes dans la lutte contre le terrorisme. Le reste suivra.”
Mevlut Cavusoglu, Ministre des affairesétrangères sur Twitter
Redresser l’économie
Autre dossier brûlant, la liste des ministres qui sera annoncée dans la soirée, après les festivités, doit donner une idée des orientations retenues par le chef de l’État pour redresser l’économie en crise. Pour cette tâche ardue, le nom d’un expert reconnu, Mehmet Simsek, circule avec insistance depuis plusieurs jours.
Ancien ministre des Finances (2009-2015) puis vice-Premier ministre chargé de l’Economie (jusqu’en 2018), Mehmet Simsek, 56 ans, ancien économiste de Merrill Lynch, serait chargé de rétablir un peu d’orthodoxie afin de ramener la confiance des investisseurs. Outre une inflation à plus de 40%, encouragée par la baisse régulière des taux d’intérêt, la monnaie nationale était en chute libre à plus de 20,88 livres turques pour un dollar vendredi (22,5 pour un euro) malgré des milliards de dollars engloutis durant la campagne pour en retarder le naufrage.