Par Sandra Embollo
Après onze ans à la tête du gouvernement puis neuf ans à la tête de l’État, Recep Tayyip Erdogan doit faire face cette année à une coalition d’opposition très remontée, qui démarre la campagne avec optimisme : un premier sondage donne en effet 14 points d’avance à son candidat Kemal Kiliçdaroglu. Un candidat désigné il y a quelques jours seulement, après de longues et difficiles tractations entre les partis réunis au sein de la Table des Six.
Pour autant, l’issue du scrutin n’est pas jouée. Le président sortant doit affronter les virulentes critiques de l’opinion publique après les ratés de la réponse au séisme du 6 février. Il doit aussi et surtout répondre d’une inflation débridée,d’un effondrement de la monnaie, d’une crise sociale qui ont usé son autorité.
Sans compter que le 14 mai, le HDP pro-kurde pourrait apporter son soutien à la coalition de la Table des Six. La justice a débloqué les aides publiques au Hdp. Le parti pro-kurde, troisième force politique du pays, accusé d’être lié au Pkk le Parti des travailleurs du Kurdistan qualifié de « terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux, va donc retrouver un peu plus de 27 millions d’euros de fonds qui devaient lui être attribués cette année. Certains analystes lui prêtent un rôle crucial dans le résultat de l’élection, mais le parti reste menacé de fermeture, il doit être entendu par la justice dans les jours qui viennent.
Mais Recep Tayyip Erdogan garde de nombreux atouts – dont des médias et une société civile corsetés, une certaine aura qui continue de séduire une partie de la population et une stature internationale renforcée par le conflit en Ukraine.