Peu après minuit heure locale (4h TU), Elvis Amoroso, président de l’organe électoral du Conseil national électoral (CNE), fidèle au gouvernement, a déclaré aux journalistes que 44,2 % des voix étaient allées au candidat de l’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia. Cela après le dépouillement de 80 % des bulletins et une participation de 59 %. Un résultat « irréversible », a déclaré Elvis Amoroso.
Salué par un petit feu d’artifice, Nicolas Maduro est sorti sur une scène au palais présidentiel de Caracas pour fêter sa victoire avec ses partisans chantant « Vamos Nico ». Le président réélu a promis « paix, stabilité et justice » lors d’un discours juste après l’annonce des résultats devant ses supporteurs. « Il y aura la paix, la stabilité et la justice. La paix et le respect de la loi. Je suis un homme de paix et de dialogue », a-t-il dit alors que la campagne et le scrutin se sont déroulés dans une ambiance tendue. « Le peuple a parlé et cette voix du peuple doit être respectée », a déclaré son chef de campagne, Jorge Rodriguez, peu avant l’annonce des résultats.
La longue attente des résultats a fait grimper la tension dans le pays. Des altercations entre les supporters de Nicolas Maduro et ceux de l’opposition ont eu lieu plutôt dans la soirée, raconte notre correspondante à Caracas, Alice Campaignolle. Rien ne laissait présager ce résultat et beaucoup de personnes crient déjà à la fraude.
L’opposition revendique la victoire d’Edmundo Gonzalez Urrutia
Après l’annonce de la victoire de Maduro, l’opposition vénézuélienne a revendiqué dans la nuit de dimanche à lundi sa victoire à la présidentielle, assurant que son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia avait remporté 70 % des suffrages et refusant de reconnaître les résultats proclamés par le CNE qui donne vainqueur le président sortant Nicolas Maduro.
« Soyons clairs, nous avons 100 % des feuilles de comptage qui ont été envoyées par le CNE, a affirme Maria Corina Machado. Je ne sais pas d’où vient le reste. Nous avons toutes les feuilles de pointage qui ont été transmises. Et selon ces informations, Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu 70 % des voix lors de cette élection et Nicolas Maduro a obtenu 30 % des voix. Et ça, c’est la vérité. » « Le Venezuela a un nouveau président élu et c’est Edmundo Gonzalez Urrutia »,
a estimé la cheffe de l’opposition
Déclarée inéligible et remplacée au pied levé par Edmundo Gonzalez Urrutia, qui parle d’une victoire « écrasante » de l’opposition.
« Nous savons tous ce qui s’est passé aujourd’hui. Et lorsque je dis que tout le monde sait, je commence par le régime lui-même », a assuré Mme Machado. « Toute la communauté internationale le sait, même ceux qui étaient autrefois des alliés. »
Le devoir des forces armées est de faire respecter la souveraineté populaire exprimée par le vote et c’est ce que nous espérons de chacun de nos militaires.
Au QG de campagne de l’opposition, Maria Corina Machado estime qu’il faut faire respecter les résultats et fait un appel aux forces armées.
« Les résultats ne peuvent être occultés. Le pays a choisi un changement en paix »,
a écrit Edmundo Gonzalez Urrutia sur X.
L’opposition base ses déclarations sur 40 % des procès-verbaux électoraux, car elle affirme que certains centres de vote du pays ne transmettent pas leurs résultats au Conseil national électoral. Maria Corina Machado a également affirmé que ses témoins dans les centres de vote étaient empêchés d’accéder aux procès-verbaux des urnes, ce qui est pourtant prévu par la législation électorale.
Maria Corina Machado a rappelé aux assesseurs de bureaux de vote de rester sur place pour continuer de surveiller ce dépouillement, qui n’est pas tout à fait terminé, comme elle l’avait fait plus tôt. Elle a par ailleurs lancé un appel aux forces armées, qui se chargent d’organiser et de surveiller le scrutin, de faire respecter la souveraineté populaire de cette élection. Mais l’armée est dirigée par Nicolas Maduro, le chef de l’État.
Nous nous sommes battus toutes ces années pour ce jour, ce sont les minutes cruciales, les heures décisives. Nous voulons demander à tous les Vénézuéliens de rester dans leurs bureaux de vote, accompagnant le personnel des bureaux de vote et les témoins qui savent très bien quelles sont leurs tâches et quels sont leurs droits.
Présidentielle/Venezuela: l’opposition appelle les électeurs à rester dans les bureaux de vote
Car des chefs de file de l’opposition, qui était pourtant en tête dans les sondages, avaient déclaré dimanche soir avoir des « raisons de célébrer », tout en demandant à leurs partisans de surveiller les bureaux de vote pour s’assurer du bon déroulement du dépouillement. « Nous demandons à tous les Vénézuéliens d’être là pour surveiller. Nous nous sommes battus toutes ces années pour ce jour, ce sont les minutes cruciales », avait lancé Maria Corina Machado.
« Les Vénézuéliens et le monde entier savent ce qui s’est passé aujourd’hui. Toutes les règles ont été violées – la plupart des procès-verbaux [des urnes électroniques] n’ont toujours pas été remis », a déclaré le candidat Gonzalez, qui pour la première fois s’est exprimé sur un ton fort et imposant, bien loin de ses discours monotones traditionnels, rapporte le quotidien brésilien Folha de São Paulo.
Il a nié qu’il allait appeler la population à descendre dans la rue pour des manifestations de masse : « Notre message de réconciliation et de transition pacifique reste valable. Notre lutte continue, a poursuivi M. Gonzalez dans le QG de la coalition de l’opposition. « Il y a un très bon dicton qui dit que la corde du mensonge est courte. »
L’opposition représentée par le discret diplomate Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans, méconnu du grand public, voulait clore un quart de siècle de pouvoir chaviste. Celle-ci est la doctrine d’inspiration socialiste de l’ancien président Hugo Chavez (1999-2013), dont Nicolas Maduro, 61 ans, est l’héritier. Huit autres candidats – sans importance – étaient également en lice lors de cette élection à un tour.
De nombreux pays expriment leurs « doutes » et rejets
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a exprimé de « sérieux doutes » quant à l’exactitude des résultats de l’élection présidentielle au Venezuela, où le président sortant Nicolas Maduro a été déclaré vainqueur. « Nous craignons sérieusement que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien », a ajouté Anthony Blinken lors d’une conférence de presse au Japon.
Le président du Chili, Gabriel Boric, met en doute publiquement le résultat de la présidentielle au Venezuela, estimant ces résultats « difficiles à croire ». « Le régime de Maduro doit comprendre que les résultats qu’il publie sont difficiles à croire », a réagi Gabriel Boric sur le réseau social X, affirmant que « le Chili ne reconnaîtra aucun résultat qui ne soit pas vérifiable ».
Le président du Costa Rica, Rodrigo Chaves, « rejette catégoriquement » la proclamation de la victoire de Nicolas Maduro qu’il qualifie de « frauduleuse ».
« Le gouvernement du Costa Rica rejette catégoriquement la proclamation de Nicolas Maduro comme président de la République bolivarienne du Venezuela, que nous considérons comme frauduleuse »,
a déclaré Rodrigo Chaves dans un message diffusé sur le réseau social X.
Il a ajouté que son pays travaillerait « avec les gouvernements démocratiques du continent et les organisations internationales pour que la volonté sacrée du peuple vénézuélien soit respectée ».
Le ministre péruvien des Affaires étrangères Javier Gonzalez-Olaechea a annoncé dimanche qu’il rappelait pour consultations l’ambassadeur de Lima au Venezuela en raison des résultats des élections déclarant le président Nicolas Maduro vainqueur.
« À la lumière des annonces officielles très sérieuses des autorités électorales vénézuéliennes, le rappel immédiat pour consultations de l’ambassadeur péruvien accrédité auprès de la République bolivarienne du Venezuela a été organisé »,
a déclaré M. Gonzalez-Olaechea sur X.
« Nous demandons, dès que possible, un décompte total des voix, sa vérification et un audit indépendant », a écrit sur X le ministre colombien des Affaires étrangères, Luis Gilberto Murillo, ajoutant qu’il était « important de dissiper les doutes sur les résultats ».
Du côté des Européens, l’Italie a exprimé lundi sa « perplexité » : « J’ai de nombreux motifs de perplexité sur le déroulement régulier des élections au Venezuela sur le déroulement régulier de l’élection présidentielle au Venezuela », a écrit sur X le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani. Le membre du gouvernement de droite et extrême-droite de Giorgia Meloni a demandé l’accès aux documents. « Nous demandons des résultats qu’il est possible de vérifier et l’accès aux documents: le résultat annonçant la victoire de M. Maduro reflète-t-il vraiment la volonté du peuple ? », a ajouté M. Tajani.