Par Sandra Embollo, Avec Afp
Xi Jinping a obtenu vendredi un historique troisième mandat de président chinois après un vote formel du Parlement, l’aboutissement d’une ascension qui l’a vu devenir le dirigeant le plus puissant du pays depuis des générations.
Le résultat du vote des députés, annoncé peu avant 11H00 (03H00 Gmt), est sans appel: 2.952 votes pour, zéro contre, zéro abstention.
Le Parlement en Chine étant, dans la pratique, inféodé au Parti communiste (Pcc) au pouvoir, l’issue du scrutin ne faisait aucun doute.
Il a déjà passé dix ans au pouvoir, et le voilà reparti pour cinq années supplémentaires. Il n’y avait guère de suspense à ce sujet. Xi Jinping a été réélu, vendredi 10 mars, à la présidence de la Chine pour un inédit troisième mandat, lors d’un vote à l’unanimité des députés. L’homme politique, âgé de 69 ans, avait déjà obtenu en octobre 2022 une prolongation de cinq ans à la tête du Parti communiste chinois (PCC) et de la commission militaire, les deux postes de pouvoir les plus importants dans le pays.
Seul candidat, il a été reconduit pour la même durée comme chef de l’Etat.
Les derniers mois ont toutefois été compliqués pour Xi Jinping, avec de grandes manifestations fin novembre contre sa politique “zéro Covid” et une importante vague de décès qui a suivi l’abandon en décembre de cette stratégie sanitaire.
Des sujets sensibles soigneusement évités pendant l’actuelle session annuelle du Parlement, événement très orchestré durant lequel Li Qiang, allié de M. Xi, devrait devenir le nouveau Premier ministre en remplacement de Li Keqiang.
Les députés se sont surtout concentrés ces derniers jours sur un projet de réforme institutionnelle visant à muscler le ministère des Sciences et Technologies et les capacités chinoises dans le numérique, face à ce que le gouvernement présente comme “l’endiguement” occidental contre la Chine dans ce secteur.
Culte de la personnalité
La session annuelle du Parlement a également été l’occasion d’annoncer un objectif de croissance modeste “d’environ 5 %” pour 2023 et un budget de la Défense en hausse.
La réélection formelle de Xi Jinping au sommet de l’Etat couronne une ascension politique remarquable durant laquelle il est passé de responsable politique peu connu du grand public à dirigeant chinois le plus puissant depuis des décennies.
Auteur d’une biographie sur le président, l’écrivain et journaliste suisse Adrian Geiges estime que l’enrichissement personnel n’est pas sa motivation première.
“Ce n’est pas ce qui l’intéresse”, déclare-t-il à l’Afp. “Il a vraiment une vision de la Chine, il veut que la Chine devienne le pays le plus puissant du monde.”
Pendant des décennies, la République populaire de Chine, échaudée par le chaos politique et le culte de la personnalité durant le règne (1949-1976) de son dirigeant et fondateur Mao Tsé-toung, avait promu une gouvernance plus collégiale au sommet du pouvoir.
En vertu de ce modèle, les prédécesseurs de Xi Jinping, à savoir Jiang Zemin puis Hu Jintao, avaient chacun cédé leur place de président après dix années à ce poste.
Mais M. Xi a mis fin à cette règle en faisant abolir en 2018 dans la Constitution la limite de deux mandats présidentiels, tout en laissant se développer autour de lui un quasi-culte de la personnalité.
Xi Jinping devient donc le dirigeant suprême à rester le plus longtemps au pouvoir dans l’histoire récente de la Chine.
Septuagénaire à l’issue de ce nouveau mandat, il pourrait même potentiellement prolonger pour un nouveau quinquennat si aucun dauphin crédible ne s’affirme dans l’intervalle.
Mais ses défis restent nombreux à la tête de la deuxième économie mondiale, entre le ralentissement de la croissance, la chute de la natalité, les difficultés du secteur immobilier ou encore l’image internationale de la Chine à améliorer.
Les relations avec les États-Unis sont, elles, au plus bas depuis des décennies, les contentieux étant nombreux, de Taïwan au traitement des musulmans ouïghours, en passant par la rivalité dans les technologies.
Xi Jinping a condamné cette semaine la “politique d’endiguement, d’encerclement et de répression contre la Chine” mise en place par “des pays occidentaux menés par les États-Unis” et qui “a entraîné des défis sans précédent pour le développement” du pays.
Un nouveau vice-président doit également être formellement élu vendredi par le Parlement, en remplacement de Wang Qishan.