Par Sandra Embollo avec Afp

La Biélorussie, avec à sa tête depuis 1994 le dirigeant autoritaire Alexandre Loukachenko, l’un des principaux alliés de Moscou, organisera une élection présidentielle le 26 janvier 2025, a annoncé mercredi 23 octobre 2024 la Commission électorale sur Telegram, indique l’Agence France-Presse (Afp).

Une opposante dénonce « un simulacre » d’élection

La meneuse de l’opposition en exil, Svetlana Tikhanovskaïa, a rapidement réagi à l’annonce, estimant sur X qu’il s’agira d’un « simulacre » d’élection « sans véritable processus électoral » et « menée dans une atmosphère de terreur ».

« Aucun candidat alternatif ou observateur ne sera autorisé. Nous appelons les Biélorusses et la communauté internationale à rejeter cette farce », a-t-elle ajouté.

La précédente présidentielle, en 2020, avait donné lieu à des manifestations d’une ampleur sans précédent pour protester contre la victoire, jugée frauduleuse, d’Alexandre Loukanchenko. Des centaines de milliers de personnes étaient alors descendues dans la rue à Minsk, la capitale, et dans d’autres villes, avant que ce mouvement ne soit réprimé durement par la force.

Le pouvoir biélorusse mène depuis une répression sans merci de toute contestation, poussant des centaines de milliers de personnes à fuir à l’étranger, notamment en Pologne voisine.

1 300 personnes « injustement emprisonnées »

Selon l’Ong de défense des droits humains Viasna, 1 300 personnes sont actuellement « injustement emprisonnées » dans le pays pour avoir manifesté leur opposition au pouvoir ou pour d’autres affaires à connotation politique.

L’une des meneuses du mouvement de protestation de 2020, Maria Kolesnikova, a été condamnée à une peine de onze ans de prison et est confrontée à des problèmes de santé en détention. Ses proches n’ont aucune nouvelle d’elle depuis février 2023.

L’opposante Svetlana Tikhanovskaïa est, elle, réfugiée à l’étranger. Elle est également sans nouvelles de son mari Sergueï Tikhanovski, emprisonné pour son opposition à Alexandre Loukachenko.

Une base logistique pour la Russie

La Biélorussie est un allié proche de Moscou face à Kiev mais s’est gardée de prendre part directement à l’offensive russe en Ukraine lancée en février 2022. Il avait toutefois ouvert son territoire à l’armée russe pour son assaut initial, et a permis selon Kiev d’utiliser ses aérodromes pour que la Russie puisse mener ses bombardements en Ukraine.

Lors d’une révision de la doctrine nucléaire russe fin septembre, Vladimir Poutine avait toutefois assuré que l’armée russe protégerait avec ses armes nucléaires la Biélorussie « en cas d’agression » contre Minsk.

La Russie a déployé durant l’été 2023 des armes nucléaires tactiques chez son voisin, nouveau signe de leur proximité diplomatique et militaire.