Par Julie Peh
Lors de l’attaque de Mansila, mardi 11 juin 2024, plus d’une centaine de soldats burkinabè ont été tués et certains pris en otage par les jihadistes du Jnim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à al-Qaïda). À ce sujet, les autorités de transition burkinabè n’ont toujours fait aucune déclaration et, après ce massacre, un mouvement de grogne s’est exprimé au sein d’une partie de l’armée. Mercredi dernier, un obus a été tiré sur le siège de la télévision nationale. L’origine de ce tir demeure à ce jour mystérieuse. Quant au président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré, il s’est brièvement montré dimanche à l’occasion de la Tabaski, sans s’exprimer. Ce qui ne fait qu’alimenter les interrogations sur sa situation. Le Conseil des ministres prévu ce mercredi 19 juin 2024, n’a donc pas eu lieu.
Il devait être présidé, comme chaque mercredi matin, par le président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré. Mais le Conseil des ministres ne s’est pas tenu. Aucun communiqué officiel, mais une source à la présidence burkinabè indique que le Conseil serait en fait reporté à jeudi 20 juin 2024, sans donner davantage d’explication.
Cette annulation ou ce report ne manquera pas d’alimenter les interrogations sur la situation du capitaine Ibrahim Traoré, silencieux et presque invisible depuis une semaine, et sur ce qui se joue actuellement à la tête du pouvoir. Le mardi 18 juin 2024, dans un communiqué, l’armée burkinabè a en tout cas cherché à rassurer : les rumeurs qui font état, depuis la semaine dernière, « de mouvements d’humeur et de mutineries dans certaines casernes » sont, selon l’état-major, « infondées et mensongères ».
Le Mali a tout de même envoyé 80 à 120 soldats maliens et supplétifs russes de Wagner, à Ouagadougou, pour appuyer le président de transition. Ces renforts doivent-ils assurer le maintien au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré ? S’agit-il d’organiser une forme de « rectification de la transition », comme après le second coup d’État militaire au Mali en mai 2021 ? Dans un article publié cet après-midi, le journal Le Monde affirme, selon des « sources concordantes », qu’Ibrahim Traoré est actuellement « caché » et que « des pourparlers entre soldats sont en cours pour décider de l’avenir du régime ».