Par Julie Peh
Le vendredi 21 juin 2024, a eu lieu l’ouverture de la 23eme édition des Championnats d’Afrique d’Athlétisme. Jusqu’au 26 juin prochain, des centaines d’athlètes venus de tous les coins du continent africain vont tenter de remporter des médailles et surtout décrocher des places pour les Jeux Olympiques (JO 2024) prévus à Paris le mois prochain. Connu comme un grand pays du sport, le Cameroun qui accueille cette édition manque cruellement à ses devoirs, notamment en termes d’organisation. Pourtant informé de la tenue de ces championnats depuis plusieurs mois, le Cameroun semble pris de court par les événements.
Bus en retard pour déposer les athlètes au stade, délai de plusieurs heures pour rentrer à l’hôtel, starters dysfonctionnels et absence de solutions de rechange… Les incidents sont déjà nombreux lors de cette compétition et plusieurs athlètes n’ont pas tardé à dénoncer des conditions d’accueil jugées « inadmissibles ». Malgré une visite ministérielle pour évaluer les préparatifs au stade de la Réunification de Douala, l’athlète ivoirienne Marie-Josée Ta Lou a exprimé son mécontentement face à ce qu’elle considère comme de graves lacunes.
Sur les réseaux sociaux, elle a déploré la mauvaise gestion des transports pour son équipe, qui a dû se rendre au stade en taxi tandis que d’autres bénéficiaient d’une escorte policière. Elle a exprimé sa déception :
« Il y a tellement de choses que je voulais dire sur l’organisation du championnat d’Afrique. Je suis blessée et déçue. La fluidité du transport est nulle. Mon équipe a dû prendre un taxi pour aller au stade pendant que d’autres équipes bénéficient d’une escorte policière. En venant ici, j’avais tellement d’attentes !!! Tellement !!! Si nous voulons changer, nous devons faire mieux !!! Nous avons maintenant des athlètes de haut niveau. »
De l’autre côté, la Togolaise Naomi Akakpo, spécialiste du 100 mètres haies, a notamment déploré l’image du continent africain renvoyée à l’international lors de la compétition.
« Déjà qu’on a une image pourrie… Au lieu d’essayer de s’élever et de faire de bons Championnats avec une bonne organisation, en montrant qu’on peut avoir un niveau mondial, là on ne fait que conforter ceux qui nous critiquent. On est désorganisés, en retard et pas à la hauteur. Clairement, même les Championnats départementaux sont mieux organisés que cela, c’est très décevant. Ça ne met pas le continent africain en avant »,
A regretté l’athlète de 23 ans.
Cette désorganisation globale a également été pointée du doigt par le sprinteur botswanais Letsile Tebogo, recordman d’Afrique sur 200 mètres et double médaillé sur 100 et 200 mètres lors des Championnats du monde d’athlétisme 2023.
« Pour la finale, on verra si je cours parce que je me suis échauffé et en une heure j’ai eu le temps de me refroidir. Moi, ce que je vois, c’est les Jeux olympiques et pas les Championnats d’Afrique. C’est ma santé qui est en jeu. Appelez le président de la Fédération, qu’il vienne aider les athlètes. Si ce n’est pas réglé, je suis désolé, mais je vais devoir déclarer forfait »,
A-t-il déclaré, agacé d’avoir attendu longtemps avant de courir sa série du 100 mètres vendredi.
Avant même le début de ces Championnats, la Confédération africaine d’athlétisme a été contrainte de changer de stade pour pouvoir accueillir la compétition, en raison de retards sur les travaux de rénovation de la piste du stade de la Réunification.
« Il ne fallait pas annuler la compétition pour autant, étant donné qu’un autre stade récent existe et a été construit à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations de football de 2021 que le Cameroun a organisé, a expliqué Hamad Kalkaba Malboum, le président de l’instance. Nous avons accepté la délocalisation. C’est une piste classe 2 certifiée par World Athletics. En dehors des spectateurs qui n’auront pas l’accès facile, les athlètes, eux, peuvent se réjouir de participer la compétition. »
L’ivoirienne Marie Josée Ta Lou-Smith, Favour Ofili , Rosemary Chukwuma du Nigeria, et Shaun Maswanganyi de la Zambie se sont retiré du Championnat d’Afrique d’athlétisme. Quant au sprinteur Botswanais, Letsile Tebogo , il a ecopé d’une disqualification à cause d’un faux départ dans sa course de demi-finale du 100m.
En définitif, il faut souligner que cette désorganisation globale met en exergue les défis que rencontre le Cameroun pour assurer une organisation sans faille de compétitions internationales.