Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Ils s’en vont sans préciser ni l’objet de leur frustration ni leur nouveau point de chute. Un trou d’air dans lequel s’engouffre allègrement votre quotidien pour s’enquérir, à défaut d’avoir eu la réaction des démissionnaires, auprès des cadres de ce parti non seulement des motivations de ce divorce mais aussi des conséquences politiques au moment où un nouveau cycle électoral s’annonce. L’échantillonnage choisi et qui a bien voulu réagir, n’est pas des moindres. Du sommet à la base de cet appareillage politique, tout en souhaitant bon vent à leur désormais ex-camarades, les militants accusent
« le Rdpc et sa machine répressive de mettre la pression contre les militants du Mrc et de ce fait, les fatigués craquent et c’est légitime ». En plus de l’adversité, on estime ici que cela fait partie de la dynamique de trahison, ceux qui sont « impatients », « ceux qui sont venus seuls et s’en vont seuls », « ceux qui descendent du train pendant que d’autres Camerounais montent »,
sont perçus comme des traitres.
A contrario, il se susurre également au sein de l’opinion, qu’il s’agit des suites de renouvellement des organes dirigeants en cours au sein de ce parti. Après Bafoussam, Nkongsamba et Douala ce 10 décembre 2022, certains déçus le font savoir par des lettres de démission, toute chose que l’essentiel du Directoire qualifie de tempête dans un verre d’eau. Un non-événement,
« car les traîtres du peuple ont fini par se dévoiler. Ils ont même pris des gens qui n’ont jamais été militants du Mrc ou avaient déjà démissionné pour gonfler les chiffres »,
soupire un cadre.
A côté de ces démissions, comme on le pensait depuis Bafoussam avec les différentes péripéties servies à l’opinion, ou à Nkongsamba avec ses rebondissements à couper le souffle sur le lieu de la tenue du meeting, peut-on effectivement voir une main agissante du pouvoir pour éclater ce parti ? L’histoire politique du Cameroun depuis l’avènement du multipartisme est traversée par un lugubre sort qui tient tous les partis politiques qui se dressent contre le Rdpc.
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L’Upc, l’Undp, le Sdf, sont passés par la case division. Est-ce le tour du Mrc ? A la fin, n’est-ce pas la démocratie camerounaise qui agonise si l’opposition est systématiquement en situation ? Nous vous proposons à la suite des réactions, une réflexion sur la supposée ou pas, phobie ou allergie, du parti au pouvoir face à l’opposition. Un papier rédigé toujours dans le sillage des turbulences qui agitent ce temps le parti de la renaissance.
Réactions :
Mamadou Mota, 1er vice-président du Mrc
« La pression du Rdpc et sa machine répressive contre les militants du Mrc »
« J’apprends comme vous aussi cette démission. Mais elle en fait était visible depuis longtemps au regard des agissements des deux principaux acteurs le vice-président (Vp) Tabi et Mme Tchoua. Je ne saurais dire ici avec exactitude les causes de leur départ. Seuls eux seront à même de donner les motivations réelles et suffisantes pour convaincre le peuple de l’abandon d’un combat que je juge noble. J’ai essayé de joindre le Vp Tabi, malheureusement je n’ai pas reçu de réponse. Je pense que pour toutes les luttes qu’ils ont eu à mener avant de rejoindre le Mrc, ils ne seront pas prêts à rejoindre le Rdpc. Je pense par contre qu’ils vont proposer un nouveau parti au Cameroun. Nous sommes debout, nous n’oublions pas la pression que met le Rdpc et sa machine répressive contre les militants du Mrc et les fatigués craquent et c’est légitime. Je dis aux autres avançons malgré l’adversité et à eux bon vent pour la suite … »
Roger Justin Noah, secrétaire général adjoint du Mrc
«Ils sont venus seuls et repartent seuls… les égoïstes vont continuer à descendre du train »
« En 2020, le professeur Fogue avait révélé les tractations de certains membres du Directoire avec le régime. Il vous souvient que Mme Tchapmi Salomé Epse Tchoua avait violemment démenti prétendant être loyale au Mrc. Plus d’un an après, les faits donnent raison au professeur. Les traîtres du peuple ont fini par se dévoiler. Ils ont même pris des gens qui n’ont jamais été militants du Mrc ou avaient déjà démissionné pour gonfler les chiffres. M. Djouguep Djiodji Gilbert avait déjà démissionné après l’exclusion de M. Kueka en août 2022. Cela prouve qu’ils n’ont pas pu convaincre grand monde. Ils sont venus seuls et repartent seuls. Je rappelle que l’actrice principale de ce feuilleton nauséabond Mme Tchoua est habituée à la trahison; les populations de Nkongsamba se souviennent de l’épisode de 1997. Nous leur souhaitons bon vent dans la planète des grandes opportunités. Le train Mrc lui file vers la libération du peuple d’un système tyrannique qui pille le pays en renforçant, par des décisions iniques, la misère du peuple. Alors que la vie est déjà si chère, le gouvernement dictatorial et corrompu de Yaoundé choisit de la rendre encore plus chère pendant qu’ils s’approprient tous les privilèges et détournent en milliards en toute impunité. Chaque chose a heureusement une fin et leur fin est proche. Il reste au peuple de prendre son destin en main. Croyez-moi, les égoïstes vont continuer à descendre du train. Heureusement de nombreux Camerounais qui ont compris le sens de notre lutte montent, chaque jour, dans le train du changement conduit avec dextérité par le professeur Maurice Kamto qui sera à Douala samedi 3 décembre 2022 au Stade Japoma ».
Me Fabien Kengne, cadre militant Mrc à Douala
«Nous sommes très sereins pour toutes les échéances électorales futures »
« J’ignore vraiment la cause de ces départs. Mais il faut les contextualiser. Nous sommes dans l’environnement sociologique du Cameroun fait de corruption, de violence, d’arrogance, etc… Le Mrc est contre tous ces fléaux sociaux et prône une véritable démocratie, c’est à dire de l’eau pour tous, et non du champagne pour quelques-uns. Le Mrc ne court aucun danger. Ceux qui descendent du train sont insignifiants en nombre, comparé à ceux qui adhérent chaque jour. Le Mrc fait peur au régime en place et il fait feu de tout bois. Mais notre programme politique a déjà pris. Tout a déjà été mis en place pour “Upeciser ” le Mrc, mais jusqu’à présent, ça ne fonctionne pas. Toute la diaspora, qui est le reflet du vivre ensemble camerounais, est entièrement acquise à la cause du Mrc. Nous sommes très sereins pour toutes les échéances électorales futures, proches ou lointaines ».
Matthieu Youbi, cadre militant Mrc à Yaoundé
« Ceux qui ne peuvent pas patienter, construire, bâtir vont partir, c’est sans rancune »
« Je ne saurais dire les cause de ces départs, car dans leur courrier de démission, ils ne donnent pas les cause. Ça ne peut être un danger pour le parti, car autant ils partent, d’autres adhèrent. Les démissions et les adhésions rythment la vie d’un parti. Donc, c’est un non-événement…Bien qu’il est toujours regrettable de se séparer de certains, on comprend que le chemin est long et ceux qui ne peuvent pas patienter, construire, bâtir vont partir, c’est sans rancune »