Par Ilyass Chirac Poumie
Le fait est suffisamment important pour être signalé, dans un pays où les libertés de manifestations publiques de l’opposition sont quasi-systématiquement bafouées, le prétexte excipé étant les risques de troubles à l’ordre public.
Si le Mrc remporte une sorte de victoire du Bien sur le Mal, il n’en a pour autant pas fini avec ses tourments d’adolescence. L’on a ainsi appris, mercredi soir que pas moins de 22 de ces militants, parmi lesquels tout un vice-président, venaient de claquer la porte avec notification d’huissier à l’appui. A l’heure où ces lignes étaient écrites, les diverses sources interrogées n’ont pu expliquer cette spontanéité de groupe. De même, elles avaient du mal à confirmer la rumeur voulant que les mutins aient l’intention de créer une formation concurrente depuis Nkongsamba.
Toujours est-il que l’heure des grandes manœuvres semble revenue.
Au moment où, justement, beaucoup dans le sérail parient sur une élection présidentielle anticipée. A l’heure où une curieuse farandole se joue autour du propre fils de Paul Biya, Franck Olivier du même nom, que beaucoup voient en successeur putatif de son géniteur et qui n’a jamais rien démenti. Au même moment, et pour renforcer le soupçon, le régime fait pudiquement le dos rond par rapport à tout ce remue-ménage dans le sérail.
Considéré aujourd’hui comme l’adversaire le plus sérieux à Paul Biya en cas de scrutin sincère, ouvert et démocratique pour la magistrature suprême le leader du Mrc, Maurice Kamto, fait l’objet d’une virulente campagne de diabolisation sournoisement menée par le pouvoir de Yaoundé et ses satellites. Il se dit que l’homme, du fait de ses positions tranchées, constitue un gros risque pour le pays. Même sans la moindre représentation dans les instances publiques (Parlement, Conseils régionaux, Collectivités territoriales décentralisées, etc.), l’enseignant d’université reste un danger permanent.
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Ayant pendant longtemps tenté de réduire le Mrc au rôle d’alibi de démocratie, passés les moments de répression disproportionnée et d’embastillement de ses militants, le Renouveau semble avoir choisi un logiciel moins voyant pour affaiblir l’édifice dans ses fondements. Comme souvent, lorsqu’il s’agit de combattre tout ce qui pourrait contrarier son rêve d’éternité, le système met de gros moyens en place pour réduire toute tentative de construction d’une dynamique ou d’un contre-pouvoir.
Le Social Democratic Front (Sdf) et bien d’autres organisations de la société civile, ayant tenté de s’émanciper de la tutelle du parti-Etat en poste en ont eu pour leur grade. Au nom de la pensée unique, le régime planifie jusqu’aux résultats des élections. Il promeut ceux qui s’accommodent de sa philosophie de démocratie factice, et réduit à leur plus simple expression ceux qui osent lui porter la contradiction.
C’est dire si les derniers événements, au sein du Mrc, s’ils contentent le camp au pouvoir et ses affidés, sont une lourde menace pour la démocratie – ou ce qui en tient lieu – à la camerounaise. Un pouvoir sans contre-pouvoir(s) est compatible avec la dictature.
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