Par Serge Aimé Bikoi
“I am the boss now”, C’est justement le nouveau boss aujourd’hui. Chantal Kambiwa a été élue coordinatrice générale de l’Internationale socialiste (Is) au conseil de Madrid le 25 février 2024 par 51 membres sur les 54 présents. Ce jour-là, le Social democratic front (Sdf), parti d’obédience socialiste, était absent. Dans les coulisses, l’élection de Chantal Kambiwa passe mal, notamment au sein de son ancienne formation politique, le Sdf. Et pour cause: exclue le 25 février 2023 par le comité exécutif national du parti, les mandataires du parti du défunt chairman Ni John Fru Ndi, qui n’ont pas eu accès à la salle des travaux du conseil de Madrid, estiment qu’elle n’a plus aucun mandat électif du parti censé siéger à l’internationale socialiste. Ces derniers récusent la légitimité de leur ancienne camarade de parti, qui a, pourtant, eu 97% des suffrages des membres présents. C. Kambiwa marque sa stupéfaction quant au comportement de ses anciens camarades aujourd’hui désillusionnés.
“C’est le comportement de mes anciens camarades qui m’étonne quand même un peu, car après tant d’années, ils refusent de comprendre comment fonctionne l’internationale socialiste. C’est quand même curieux que après 25 ans d’adhésion à un tel organisme, ils se posent encore des questions. Ce n’est pas aujourd’hui que ces questions doivent être posées. En 2022, quand je suis vice-présidente de l’Internationale socialiste, ils ne se sont pas posé la question alors que le cheminement était là. C’est comme si le Cameroun venait en mission dans un organisme, là-bas, tu brilles par ton talent, ton travail. On te donne un autre poste, les gens viennent dire: c’est notre poste. Ça ne marche pas comme ça. Ça fait même honte”.
La nouvelle coordinatrice de l’Internationale socialiste ne lâche pas prise et affirme qu’
“elle ne facilitera pas la tâche à ses anciens camarades de parti, qui s’obstinent à se morfondre et à contester cette élection”.
“Je ne veux pas leur faciliter la tâche. Qu’ils aillent relire les statuts! S’il y a quelqu’un qui se plaint ou qui conteste cette élection, ils n’ont qu’à écrire à la coordinatrice générale qui s’avère être moi aujourd’hui. J’en prendrai acte. Je verrai si c’est nécessaire. J’enverrai cette lettre au comité éthique de l’Internationale socialiste. C’est comme ça que ça se passe”.
Cela fait une quinzaine d’années que C. Kambiwa a roulé sa bosse comme membre de l’Internationale socialiste. Qu’elle tienne les rênes de cette organisation internationale aujourd’hui ne relève pas du fruit du hasard.
“Je suis un produit de l’Internationale socialiste. J’ai commencé à adhérer à l’Internationale socialiste par le Sdf, mon ancien parti politique. Et le jour où ce parti passé était membre de plein droit, j’y étais en tant que délégué des femmes au comité Afrique de l’Internationale socialiste. Comme je vous l’ai dit l’Internationale socialiste est représentée partout dans le monde par région. J’ai été vice-présidente de l’Internationale socialiste des femmes avec 34 pays à diriger pendant huit ans. Les gens ne s’en rendent pas compte. Il n’y a pas de hasard”,
indique C. Kambiwa.
Trajectoire
Dotée d’une riche carrière en tant que femme politique, C. Kambiwa, n’a pas intérêt à dormir sur ses lauriers tant les enjeux de ses nouvelles fonctions sont importants. Elle en esquisse quelques-uns retenus aux dernières assises du conseil de Madrid. “Les enjeux sont énormes. Ce conseil de Madrid avait pour thème” Le socialisme qui gagne”. Le socialisme qui gagne en fait, c’est un titre qui paraît banal, mais qui est costaud. Séance tenante, nous avons eu le président du comité Afrique de l’Internationale socialiste qui a mis la question de la démocratie sur la table avec les différents coups d’État survenus en Afrique et qui ont renversé des présidents membres de l’Internationale socialiste. Il y a aussi la question du parti sénégalais qui était partenaire au parti au pouvoir avec tout ce que l’on connait comme difficultés”, ajoute-t-elle.
Ancienne militante du Sdf depuis 1992, C. Kambiwa a été élue coordinatrice nationale des femmes aux assises du congrès de 2018. Elle a été, par le passé, vice-présidente de l’Internationale socialiste et membre du présidium de cette institution. Elle a été aussi, dans son ancienne formation politique, vice-présidente du Sdf pour le Littoral et secrétaire nationale adjointe à l’éducation et à la propagande. C. Kambiwa a été aussi membre du shadow cabinet en charge des questions de genre et vice-présidente de l’Internationale socialiste des femmes pour l’Afrique centrale et occidentale. Aussi est-elle consultante Genre spécialisée dans l’analyse de la prise en compte des femmes et du genre dans les programmes de développement. Elle est enfin directrice exécutive de Serviras Cameroon, une Ong ayant le statut consultatif auprès des Nations unies et qui travaille sur les questions de genre et des femmes.
