Une enquête de Félix Cyriaque Ébolé Bola
Elle vit désormais en cachette, coupée de téléphone et craignant pour sa vie. «Elle a reçu beaucoup de menaces de mort, vous comprenez ?» C’est Augustine*, sa tante, qui est devenue l’intermédiaire, Sophie Mbianyongwe se montrant désormais très peu en public.
La dame, teint métissé, a été arrêtée le 26 mars devant le commissariat central de la ville balnéaire de Kribi «par des hommes armés non identifiés, sans aucun mandat ni convocation quelconque et conduite manu militari au Sed (secrétariat d’Etat à la Défense en charge de la gendarmerie) à Yaoundé». Interrogée toute une nuit, elle affirme avoir fait l’objet de «torture, menaces et sévices».
Mme Mbianyongwe, 32 ans et mère de deux enfants, sera par la suite, «sans aucun élément dans le dossier», transférée au parquet du tribunal de première instance de Douala-Bonanjo. En attendant un procès en bonne et due forme, elle a été libérée le 29 mars.
«Nous nous réjouissons de ce que notre fille ait retrouvé la liberté, s’est exclamée la reine de son village, Mevia, dans l’arrondissement de Dizangue (Sanaga-Maritime), Passy Makoumack. C’est tout le village (…) qui est content. Il reste maintenant qu’on la laisse jouir pleinement et aisément des biens que ses parents lui ont laissés. Et pour cela, nous faisons confiance à la justice camerounaise.» Cqfd.
Héritière d’une villa de ses parents au quartier Talla, acquise dans les années 2006 auprès du commissaire divisionnaire Aloys Benaé, Sophie Mbianyongwe détient les preuves de ladite transaction, inscrite depuis le 22 mai 2006 au livre foncier du département de l’Océan.
La dame avait déjà, début février dernier, déposé une plainte contre Christian Claude Benaé, fils de feu le commissaire divisionnaire Aloys Benaé, qui se dit héritier de son père et le conservateur Christine Sama, auprès du procureur d’instance près les tribunaux de Kribi. Elle a pour objet «faux dans un acte en écritures publiques et authentiques en coaction».
Son adversaire, explique-t-elle a pu, auprès du conservateur, se faire attribuer un nouveau certificat de propriété «par une alchimie dont il détient seul le secret». Et il brandit ledit document depuis le 10 janvier. «Cet homme, sans foi ni loi et qui dit avoir le bras long, a déjà vendu presque tout l’héritage de son géniteur», soupire Augustine.
Au lendemain du décès de ses parents, Sophie Mbianyongwe, pour subvenir à ses obligations, confié pendant 3 ans la location de la maison au groupe Bolloré. En 2020, c’est Éric Armand Nkoa, fils du général Nkoa Atenga, qui en devient le locataire. Il paiera 4 mois, avant le début des ennuis.
A sa grande surprise, raconte-t-elle, le nouvel occupant lui dira qu’il ne payera désormais le loyer qu’à Christian Claude Benaé, «qui selon lui serait le propriétaire». Une affaire
«portée devant toutes les autorités de la ville de Kribi, sans succès, soupire l’infortunée. (…) finalement, c’est moi-même qui suis convoquée, entendue et retenue pendant deux jours au Sed à Yaoundé».
A Kribi, où M. Benaé ne semble pas avoir bonne presse, l’histoire n’arrête pas de faire jaser. Dans les buvettes de la ville, l’homme est généralement considéré comme un enfant gâté et oisif, qui pense que les autres lui doivent tout.
Et beaucoup, ici, espèrent que le droit sera dit afin de dissuader, une bonne fois pour toutes, l’intéressé d’avoir de nouveau des ambitions sur des choses dont il n’a aucune légitimité.
