Par Serge Aimé BIKOI
L’auteur, qui a, récemment, entrepris une tournée internationale de 18 mois, entend donner environ 200 conférences-dédicaces, dont la première a eu lieu à Paris le 6 décembre 2023 à l’école Centrale Supelec. Allons à la découverte de ce livre de 311 pages!
Dans son dernier ouvrage intitulé “Mes années dans la Silicon Valley Ma décennie Microsoft”, Jacques Bonjawo traite de la transmission numérique du continent. Son objectif ultime est d’inspirer, de sensibiliser et de mobiliser les Africains autour de la Vision d’une Afrique numérique. C’est un ouvrage-récit fascinant, qui relate les expériences personnelles de l’auteur lors de ses années antérieures au siège de Microsoft, la plus grande entreprise technologique du monde. Dans ce livre de 311 pages paru à Amazon, J. Bonjawo partage des anecdotes dignes d’intérêt sur l’intensité de la vie quotidienne dans la Silicon Valley, ainsi que des réflexions sur les défis, enjeux et opportunités auxquels il a été en butte comme cadre chez Microsoft. L’auteur revient, de fond en comble, sur ses nombreux voyages dans le continent noir pour conseiller les leaders africains sur la transformation numérique.
L’auteur plonge les lecteurs dans le kaléidoscope palpitant de la technologie et offre un aperçu des coulisses de l’une des entreprises les plus influentes de l’industrie. Il partage, dans la même veine, des leçons précieuses sur le leadership, l’innovation et l’entrepreneuriat. Cette narration est, globalement, destinée à tous ceux qui sont intéressés par le monde de la technologie et qui expriment le vœu d’en apprendre davantage sur le fonctionnement d’une entreprise de premier plan.
Fondamentalement, J. Bonjawo revient, de bout en bout, sur sa journée type chez Microsoft, la gestion des ressources humaines dans cette entreprise, le recrutement, l’évaluation du personnel et ce qu’il y a appris. Il ne fait pas tabula rasa de son adieu à Microsoft. Relativement à sa journée de travail, l’auteur fait savoir qu’il se lève généralement tôt à 4h et a l’habitude de consacrer ses moments privilégiés aux tâches les plus délicates, en l’occurrence celles qui nécessitent beaucoup de réflexions. Une réflexion poussée, par exemple la programmation d’un code complexe. La plage du travail à la maison dure jusqu’à 7h, heure à laquelle il se prépare pour partir après avoir vu très brièvement son épouse, sa progéniture est endormie. En gros, la journée de travail de J. Bonjawo débute à 4h et suspend son vol à 20h, heure à laquelle il retrouve sa famille.
L’auteur s’agglutine, en outre, sur la vie de Bill Gates, le patron de Microsoft, un personnage aussi attachant qu’attrayant , aussi important que controversé, simple dans la sphère privée, rigoureux et engagé dans le travail dans la sphère publique. Un autre maillon crucial dans sa trajectoire socioprofessionnelle chez Microsoft est consacré à la gestion des ressources humaines, laquelle est foisonnée de challenges. Une série d’interviews d’une trentaine de minutes denses au cours desquelles le postulant fait preuve d’ingéniosité, de lucidité et de rigidité. Pour le cas spécifique de J. Bonjawo, la curiosité est qu’il est en quête d’un poste de travail à Microsoft alors qu’il n’est pas en chômage. En réalité, comme l’affirme l’auteur, il n’est pas en posture d’un “job security”(sécurité de l’emploi), mais il recherche plus les challenges avec ce que cela comporte comme risques.
En substance, Microsoft a appris à J. Bonjawo à offrir ses services de manière intelligente et non en termes de durée. “Chez Microsoft, écrit, par exemple, l’auteur, la quantité de travail qui s’abat sur chacun est proprement stupéfiante. Non que le travail tombe du ciel, bien sûr. Simplement, il est de règle que l’on vous donne toujours plus que vous ne pouvez en faire. Il est donc tout à fait illusoire d’imaginer qu’en travaillant simplement dur, on atteindra les objectifs fixés”. C’est donc un challenge permanent dans l’univers Microsoft, la routine est carrément mise sous le boisseau, les taches répétitives s’effritent. De manière dense et raffinée, l’auteur nous balade dans les méandres de Microsoft, où l’on découvre, entre autres, les procédures de recrutement, l’évaluation du personnel humain, les logiciels libres de cette entreprise, ainsi que ce qu’il y a appris depuis son intégration en 1996 jusqu’à son départ en 2006, soit 10 ans après.
La création de l’Université virtuelle africaine, l’Information technology academy, quelques rencontres marquantes durant ces années à Microsoft, une ébauche des événements incisifs, l’adieu à Microsoft constituent d’autres temps forts en parcourant, de fil en aiguille, l’ouvrage qui est aisé à lire et à relire. Quiconque qui s’aventure dans la consommation de ces bonnes feuilles de J. Bonjawo ne languit pas, ne se morfond pas, ne se lasse pas tant il est incité, après chaque segment, à découvrir sa vie socioprofessionnelle à Microsoft, une vie parsemée de jeux et d’enjeux, de défis et de challenges, d’obstacles et de victoires. Bref, une vie bourrée d’enseignements éthiques, pédagogiques et heuristiques.
Ce n’était pas une sinécure sa décennie à Microsoft. L’auteur exprime, in fine, sa gratitude à Microsoft pour avoir créé un environnement lui ayant permis de s’épanouir intellectuellement et professionnellement. Dans une dynamique de résorption des lacunes et scories rencontrées, l’auteur formule, dans son épilogue, des critiques constructives envers Microsoft, lesuelles se sont avérées enrichissantes et pertinentes tout au long du règne de Steve Ballmer, qui a duré 14 ans. J. Bonjawo fait donc ce que nous appelons en Sociologie la Sociographie(description systématique et apparente) de ses dix ans de collaboration intense et fructueuse chez Microsoft, où il acquis savoirs, savoir-faire et savoir-être. Dans ce champ socioprofessionnel, il en a donné du sien tout comme il en a reçu de son environnement. Mes années dans la Silicon Valley est donc une domestication de l’entreprise innovante du XXIème, un regard épistémologique sur l’histoire de la technologie dans le monde entier et une vision prospective des enjeux planétaires qui se posent avec acuité aux Africains en quête d’un meilleur devenir des savoirs technologiques dans un monde en permanente mutation. Quelques coquilles notées, preuve qu’aucune œuvre n’est parfaite, ne sapent guère la pertinence, l’intérêt et la profondeur du message poignant de l’auteur que quiconque lit, de fond en comble, saisit in fine. À chacun(e) de découvrir le nec le plus ultra de cet ouvrage!
