Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Plus de 200 petites et moyennes entreprises venues du triangle national ont répondu présent à l’appel lancé par le Sbec. Le thème des échanges de cette année 2024 est indicateur des challenges auxquels la Fondation Denis Lenora Foretia a coutume de convier les Pme : « renforcement de l’écosystème entrepreneurial au Cameroun ».
Cette thématique a d’ailleurs guidé les propos du Dr Denis Foretia qui dans son mot de bienvenue a appelé les participants à tirer le meilleur parti de la rencontre pour booster l’efficience de leurs entreprises à tous les niveaux. En fixant le cadre de la réflexion après lui, Bertha Yiberla Yenwo a focalisé son intervention sur « renforcer l’écosystème entrepreneurial pour atteindre la durabilité par la numérisation et l’innovation ». Pour atteindre cet objectif, la fondatrice Pdg de Tabwand support network a soulevé un certain nombre de préoccupations.
On peut retenir entre autres, comment l’écosystème interagit avec le digital ? La collaboration entre l’écosystème des Pme et le gouvernement ; la foi, la crédibilité que les entrepreneurs et leurs entreprises ont dans leur environnement immédiat ; les capacités digitales comprises en termes de capacités technologiques dans le numérique ou bien comment utiliser les capacités digitales pour améliorer les rentabilités dans les entreprises ; une communication forte en ligne entre les différentes entreprises ; un mindset des entrepreneurs ouvert à l’apprentissage. Bien plus, en recourant au digital, cela évite au premier chef aux entrepreneurs les tracasseries d’avoir un bureau physique.
Après cette phase introductive, les participants ont eu droit à un exposé à point nommé sur la thématique « partenariats public-privé : améliorer l’écosystème entrepreneurial pour un développement durable. » Ze Patricia Obone, la cheffe de la cellule entrepreneuriale des Pme et de la sous-traitance au ministère des Petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat (Minpmeesa) ; Gilbert Ewelmeh, le coordonnateur continental d’Accelerate Africa ; Parfait Eppoh, le négociateur en chef de la Zone libre échange continentale africaine (Zlecaf), étaient au-devant de la scène pour expliciter cette thématique. La première intervenante a explicité aux participants le concept du partenariat public-privé (Ppp). Elle a indiqué que l’Etat, parce qu’il ne peut pas assurer seul toutes les missions de service public se trouve contraint à cause des difficultés financières, de recourir au secteur privé pour mener à bien ces missions.
De ce fait, le privé est tenu de remplir un cahier de charges bien défini par l’Etat. Elle a évoqué de ce fait l’exemple des marchés publics qui se fait de manière ponctuelle sur des courtes durées ; les concessions qui s’étalent sur une durée plus longue et concernent des secteurs bien précis. Elle a évoqué dans ce sens l’exploitation forestière, hôtelière ou les chemins de fer. Dans tous les cas, a-t-elle précisé, la partenaire privé est obligé de signer un contrat avec l’Etat. Par ailleurs, elle a indiqué aux participants que la puissance publique est le meilleur partenaire et qu’on ne saurait faire des affaires ou prospérer dans ses activités sans passer par l’État, car il est le meilleur risque.
Quant à Gilbert Ewelmeh, répondant à la question de savoir si les Pme sont prêtes à s’engager dans les Ppp, il a indiqué que l’environnement est une anarchie qui cause de véritables cauchemars. Il a demandé dans ce sens combien d’entreprises créées au Cameroun atteignent l’âge de 3 ans. Il a dans cette lancée précisé que le problème de fond est celui de l’accès au financement car beaucoup d’entre elles sont peu organisées et ne remplissent pas les conditions pour accéder aux financements auprès des banques dont le mode de financement est par ailleurs questionnable. Le dernier intervenant, Parfait Eppoh, a indiqué que toutes les opportunités qu’apporte la Zlecaf. Il a cité dans cette veine entre autres, les exemptions de paiement des droits de douane aux frontières entre les pays africains ; le coût réduit des matières premières qui sont utilisées pour la fabrication des produits. Il a pris l’exemple poignant du cas entre le Ghana et le Nigeria. Le premier pays fabrique du savon à partir de l’huile de palme. Il importe cette huile en Malaisie alors que le Nigeria qui est proche est le premier producteur d’huile de palme. Tout comme le Kenya qui fabrique du Coca à partir du fruit de la passion qu’il importe de la Chine alors que l’Ouganda voisin est un grand producteur.
Ceci pose le problème du commerce intra-africain. Dans cette situation confuse, il est recommandé que les Pme s’unissent pour former des entités fortes ; qu’au niveau des ministères du gouvernement, tous les Ppp soient unis au sein d’un seul ministère en l’occurrence le Minpmeesa ; que les Pme s’inscrivent à la Bourse de sous-traitance et de partenariat de l’Etat du Cameroun car l’Etat exige aux grandes entreprises de concéder 30% de leurs activités aux Pme, dans le secteur de la transformation précisément.
90 % de la population active vit de l’informel
Au Cameroun comme dans de nombreux pays africains, les impôts élevés imposés aux Pme ont été identifiés comme un obstacle majeur à un écosystème entrepreneurial compétitif. En conséquence, il existe un secteur informel dominant, qui emploie plus de 9,5 millions de Camerounais (90 % de la population active et contribue pour plus de 57% du produit intérieur brut (Pib) du pays. D’autres difficultés auxquelles sont confrontées les Pme sont notamment les difficultés d’accès au crédit, les niveaux élevés de corruption, des structures d’accès aux entreprises sous-développées, des sérieux goulots d’étranglement administratifs et un manque pressant de capacités de gestion parmi les entrepreneurs et les Pme. Il faut rappeler que l’objectif principal du Forum 2024 est de promouvoir les politiques visant à renforcer l’écosystème entrepreneurial au Cameroun pour un développement économique durable. La formation se poursuit ce 12 septembre 2024 avec des conférenciers aguerris qui parlent d’expérience plus que le verbiage de la théorie. Pour aller plus loin, il faut souligner que les petites et moyennes entreprises (Pme), sont mondialement reconnues comme des contributeurs clés à la création d’emplois et de richesses. Elles jouent un rôle essentiel dans la promotion de la croissance, la redistribution des richesses et la réduction de la pauvreté tant dans les pays développés que dans les pays en développement.