Par Léopold DASSI NDJIDJOU
« Demande au président de la République et à son gouvernement de s’investir dans un sursaut républicain, patriotique et démocratique pour respecter in fine, le calendrier électoral initial qui prescrit les élections couplées législatives et municipales au mois de février 2025 ; et donc, de retirer le projet de loi N 2061/Pjl/An, portant prorogation du mandat des députés à l’Assemblée nationale, introduit au parlement »,
lit-on de la Déclaration qui exprime tout le ressenti de la dame politique au sujet de la pratique politique peu orthodoxe au Cameroun.
Dans ce sens, elle rappelle que le président de la République depuis 43 ans, avec le gouvernement Rdpc,
« entraînent les Camerounais une fois encore se baigner dans leurs eaux partisanes, pour des fins partisanes égoïstes ».
Dans la foulée, elle demande par ailleurs au président de la République de s’abstenir de signer le décret de prorogation du mandat des conseillers municipaux; de publier dès à présent par souci d’équité électorale les dates précises des différents scrutins afin de permettre aux différentes parties prenantes du processus électoral de s’investir sur le champ politique avec assurance ; d’introduire au Parlement, le projet de modification de la loi portant Code électoral inspiré de la proposition à eux soumise par la Plateforme des partis politiques et organisations de la société civile, engagés pour la réforme participative et consensuelle du Code électoral car toute élection doit se tenir dans un climat consensuel et apaisé, avec la participation inclusive de toutes les parties prenantes.
En outre, à certains membres du gouvernement de la République, l’Udc exhorte ces derniers à tenir un discours public plus conciliant ; de cesser d’entretenir une ambiance d’escalade des tensions politiques. Au peuple camerounais, le parti à la houe lui demande de continuer à s’inscrire sur les listes électorales et à être prêt à aller voter et protéger son vote le moment venu. Le parti soutientune démarche commune de tous les députés démocrates, républicains, patriotes et citoyens pour le rejet pur et simple de ce projet de prorogation. Aux yeux de l’Udc, Paul Biyadémontre une fois de plus,
« son option affirmée de méconnaitre, son rôle d’arbitre prescrit par la Constitution, dans la régulation du fonctionnement des pouvoirs publics, et du jeu démocratique pour l’intérêt général de la République et du Peuple camerounais ».
Un justificatif de prorogation infondé
Le président de la République entend proroger de 12 (douze) mois, du 10 mars 2025 au 30 mars 2026, le mandat des députés à l’Assemblée nationale. Tout comme il se dit que très prochainement, il va signer un décret pour proroger le mandat des conseillers municipaux dont les élections se tiennent fréquemment au même moment avec celles des députés.
« Il devient difficile de s’émouvoir des mêmes justifications qui reviennent à chacune de toutes ces récurrentes prorogations: Voyons-nous, depuis 2007 pour ne remonter qu’à là, l’article 15 (4) de la Constitution est devenu l’instrument politique dont se sert l’État/parti pour confisquer l’usage du calendrier électoral en déjouant et en excluant les autres parties prenantes, en déni des valeurs républicaines »,
s’offusque la patronne de l’Udc.
On estime ici qu’évoquer l’indisponibilité des ressources humaines et financières pour justifier la prorogation semble relever des chimères car l’année électorale est connue à l’avance, le budget y afférent est arrêté en conséquence par la loi de Finances de l’année électorale. Pour l’Union démocratique du Cameroun comme la grande majorité des formations politiques et de nombreux Camerounais, les enjeux électoraux des élections anticipées ou prorogées se gèrent durablement non seulement dans le respect d’un calendrier électoral connu de tous, pour la promotion d’une culture de libre et saine concurrence politique, mais aussi et surtout, dans l’organisation des élections justes, saines, transparentes, équitables passant par un Code électoral consensuel. Pour terminer, elle a indiqué qu’au Cameroun, on est déjà à la troisième prorogation. Il y a eu de ce fait celles du 21 décembre 2012 du 19 juillet 2019 et celle qui s’annonce. Toute chose qui montre qu’il s’agit d’une coutume politique « de tripatouillage du calendrier électoral » et non de l’application de l’article 15 (4) de la Constitution.