Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Un renouvellement de l’ordre mondial
Le retour de Donald Trump comme il l’a martelé depuis longtemps marque la détermination de désengager les États-Unis des foyers de guerre à travers le monde. Ainsi, il a déjà dit sa détermination d’œuvrer pour la paix au pays de Vladimir Zelenski. Seulement, il ne dévoile pas son modus operandi.
Va-t-il imposer la paix à Kiev à défaut de lui couper son assistance militaire tous azimuts? Comment va-t-il imposer comme déclaré, la paix aux belligérants ? À Moscou déjà, on annonce que l’arrivée de Trump au pouvoir ne change absolument rien. Aucune illusion donc à se faire au sein de la diplomatie russe. Poutine devrait-il douter de la capacité de Trump de tenir parole dans un tel contexte ? En Palestine, le nouveau locataire de la Maison Blanche a déjà félicité Benjamin Netanyahu, alias « Bibi » pour ses œuvres guerrières et l’encourage désormais à finir le travail dans la Bande de Gaza. Trump est plus qu’un vrai ami de l’État d’Israël, lui qui au cours de son mandat antérieur avait reconnu Jérusalem comme la capitale de l’État Hébreux. Avec la Russie, il va sans dire qu’il va mettre la pédale douce pour ne pas trop effaroucher le Kremlin qui aura connu toutes les sanctions économiques possibles avec l’administration Biden.
On comprend très bien qu’avec le retour de l’homme d’affaire au pouvoir, Poutine va connaître un répit. Il va se donner un peu d’air pour mieux faire des ajustements géostratégiques et économiques, particulièrement au sein des Brics où il se positionne comme le vrai leader. Avec le nouveau pouvoir américain, tout porte à penser que la Chine sera marquée à la culotte pour limiter sa prétention à s’imposer comme la pierre angulaire des échanges économiques. C’est de ce point de vue le rôle du dollar, du billet vert qui sera au centre des préoccupations trumpistes. À l’heure où les pays du Brics boudent l’utilisation du dollar dans leurs échanges économiques, c’est là un point fort sur lequel devrait s’orienter la nouvelle politique américaine.
L’Afrique dans les enjeux géostratégiques
La politique américaine sur le sol africain devrait vraisemblablement suivre les équilibres planétaires. Ainsi avec l’avènement de l’Aes sous le parapluie russe, il est difficile de s’attendre à voir Trump voler au secours de la France pour reconquérir son pré carré sahélien dans ce contexte. En consacrant la paix en Ukraine, Poutine serait en position de force sur le continent. Il pourrait continuer sa percée dans ce qu’Emmanuel Macron a appelé la guerre hybride en Afrique. Ce n’est donc pas une bonne nouvelle pour l’Europe et surtout pour la France l’idée de Trump de faire la paix en Ukraine. L’Otan, misait sur une défaite de Poutine en Ukraine.
Or aujourd’hui, s’il faut faire la paix, l’Est du pays de Vlodimir Zelenski est sous occupation russe, territoire conquis sous le langage des armes. Pour faire partir Poutine, à défaut d’arrêter ses offensives sur le front, il faut donner gros pour le contenter. C’est dire que la guerre hybride de Poutine va porter ses fruits en Afrique. À l’heure où l’Aes a cruellement besoin d’un port sécurisé pour ses transactions, quel pays côtier pourrait tomber dans l’escarcelle russe en Afrique? Toute la question stratégique est désormais là. Le Bénin, le Togo, la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest ou dans une moindre mesure le Cameroun sont de ce point de vue dans le viseur. Au cours de son premier mandat, Donald Trump n’avait pas mis pied sur le continent africain.
S’il devrait le faire, il va sans dire que ce ne serait pas dans un « Pays de merde », « Sheet hole country » où les dirigeants sont allergiques à toute forme de démocratie, du respect des droits des peuples. En son temps, Obama était venu au Ghana et au Kenya. Où ira Trump au cours de ce mandat? À l’heure où la Russie fait son entrée fracassante sur le continent, on verrait ainsi Poutine soulever les foules dans son giron pour répondre à toute éventualité. Avec le 47ème président des États-Unis, l’Afrique pourrait devenir à nouveau le champ d’expression des puissances de la planète. Une chose est sûre et certaine, les pays hostile à la démocratie, les pays de dictature seront les plus exposés, les plus vulnérables car les gendarmes du monde ont vite fait de trouver chez eux des manquements ou des fautes graves qui les inviteraient à y entrer au nom de la solidarité internationale.
3) Le climat en péril
S’il y a un point sur lequel les autres pays du monde ne s’entendaient pas et ne s’entendront pas avec Trump, c’est celui de la limitation de l’émission des gaz à effet de serre, notamment l’utilisation des énergies fossiles. On sait déjà que Trump n’y croit pas du tout surtout à l’heure où les pays les plus pauvres du monde subissent de plein fouet les effets violents des changements climatiques.
Les inondations, les sécheuses, le glissement des saisons, entre autres, sont bien visibles. Trump est de ce fait un climato-sceptique qui vient mettre en situation les différents financements en faveur des pays du Sud, tous victimes du changement climatique alors qu’ils ne sont pas des pollueurs à l’exemple des pays industrialisés. Il va sans dire que c’est au pied du mur qu’on juge le maçon, surtout que Trump dit et martèle qu’il est venu arranger toutes gaffes causées par les démocrates. Le temps fera la part des choses.