Par Arlette Akoumou
La fin du vieux monde. Joe Biden a annoncé, mardi 25 juin, qu’il gracierait les anciens combattants américains condamnés par l’armée en raison de leur homosexualité. « Aujourd’hui, je corrige un tort historique en utilisant mon pouvoir pour gracier de nombreux anciens militaires qui ont été condamnés simplement parce qu’ils étaient eux-mêmes », a ainsi déclaré le président américain dans un communiqué relayé par la presse américaine.
« Malgré leur courage et leur grand sacrifice, des milliers de militaires LGBTQI+ ont été forcés de quitter l’armée en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre », a ajouté Joe Biden. « Certains de ces Américains patriotes ont été traduits en cour martiale et portent le fardeau de cette grande injustice depuis des décennies […] Il s’agit de dignité, de décence et de garantir que la culture de nos forces armées reflète les valeurs qui font de nous une nation exceptionnelle. »
100 000 militaires expulsés
De 1951 à 2013, l’armée a régulièrement poursuivi en justice les militaires gays en vertu de l’article 125 du Code uniforme de justice militaire, qui interdisait les relations homosexuelles. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les autorités estiment ainsi que 100 000 militaires ont été expulsés de l’armée en raison de leur orientation sexuelle, explique Abc News. En leur accordant sa grâce présidentielle, Joe Biden va leur permettre de prétendre à tous les avantages dus aux anciens combattants et dont ils ont été privés, à commencer par leur pension militaire, mais aussi des prêts immobiliers spéciaux et des allocations pour frais de scolarité universitaires. Les soldats devront néanmoins présenter une demande et passer par un processus d’approbation militaire avant d’être pleinement réhabilités. Un mécanisme largement décrié.
La Maison-Blanche affirme que cette décision aura un impact sur des milliers d’anciens combattants, bien que les responsables aient refusé de donner un chiffre précis, de dire combien de temps prendrait le processus de demande ou comment l’administration envisage d’atteindre les anciens combattants sans abri, pointe Usa Today.
Un long parcours
Ce geste de Joe Biden s’inscrit dans la lignée de nombreux autres efforts déployés depuis l’abrogation de la loi « Don’t Ask, Don’t Tell » par Barack Obama en décembre 2010. Mis en place par Bill Clinton en 1993, ce texte a interdit pendant dix-sept ans à toute personne servant dans l’armée américaine d’afficher son orientation homosexuelle, bisexuelle ou transsexuelle – pour leur éviter des poursuites. Et en 2013, le Congrès américain avait modifié l’article 125 du Code uniforme de justice militaire, qui criminalisait auparavant la sodomie, y compris entre adultes consentants.