Par Adam Newman
Au lendemain du débat, la presse américaine est unanime sur un point : Joe Biden a raté sa performance. Aussi bien à gauche qu’à droite, les médias américains tombent d’accord. Le New York Times qualifie la performance du président américain de « maladroite » ; « désastreuse » même pour le Daily Caller, journal conservateur. Autre média du même bord, le Washington Examiner condamne Joe Biden : « il a perdu dès les 10 premières minutes d’un débat qui en a duré 90 », peut-on lire en titre.
L’enjeu était pourtant de taille pour le président, constamment attaqué sur son âge, 81 ans.
« S’il y a une chose que les démocrates voulaient voir hier soir, c’était un Joe Biden fort qui mette Donald Trump à terre. Mais au lieu de ça, ils ont dû reconnaitre que c’était Joe Biden qui avait été mis à terre », résume le très progressiste The Hill.
« Oui, c’était un début laborieux, mais il a terminé en force », a concédé la vice-présidente Kamala Harris. Mais pour beaucoup de démocrates, l’heure est à la panique.
Dès les premières minutes du débat, ils ont frénétiquement échangé coups de fils et textos – « avons-nous encore le temps de mettre quelqu’un d’autre ? », s’est même demandé, sur X, un important donateur de la campagne Biden – une question que d’autres démocrates se posent en privé.
La réponse de Gavin Newsom, le gouverneur démocrate de Californie, a été musclée.
« On doit soutenir ce président. On n’abandonne pas les gens après un simple débat – quel genre de parti fait ça ? Son mandat a été magistral. Les démocrates ont fait le job, ce président fait le job. Aujourd’hui, nous devons le soutenir. »
Mais beaucoup ont été secoués. Claire McCaskill, ancienne sénatrice démocrate du Missouri, dit avoir « le cœur brisé », et ne pas être la seule.
« Joe Biden avait une chose à accomplir ce soir, rassurer l’Amérique sur le fait qu’il était à la hauteur malgré son âge, et il a échoué. Est-ce que ça veut dire qu’il ne sera pas le candidat ? Je ne sais pas. »
Comme à chaque fois que la santé déclinante de Joe Biden refait la Une, les esprits s’agitent pour imaginer un autre candidat à sa place en novembre. Pour la première fois, des membres du parti présidentiel évoquent publiquement un plan B.
À nouveau, les noms du gouverneur du Maryland Wes Moore, de la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer, 45 et 52 ans respectivement, sont évoqués. D’anciens candidats, le secrétaire aux transports Pete Buttigieg, la sénatrice Amy Klobuchar du Minnesota et le sénateur du New Jersey Cory Booker, refont parler d’eux. Et bien sûr, la vice-présidente Kamala Harris est citée comme possible alternative, même si sa cote de popularité abyssale renvoie le parti à ce triste constat : les possibilités sont limitées.
Deux poids lourds démocrates bien placés pour concourir en 2028, le gouverneur de l’Illinois J.B. Pritzker et surtout celui de Californie Gavin Newsom, ont préféré redire leur loyauté à Joe Biden. Estiment-ils qu’il soit déjà trop tard, à un mois et demi de la Convention nationale du parti ?
Difficile en tout cas pour les potentiels candidats alternatifs d’afficher leur ambition, tant que Joe Biden ne s’est pas officiellement retiré. C’est sur son nom présenté comme unique alternative face au retour de Trump qu’il a remporté les primaires démocrates et le soutien financier au parti. La réaction des donateurs sera particulièrement scrutée après la piètre performance du président sortant sur Cnn. Interrogé par le Washington Post, un conseiller du président a affirmé que « bien sûr, Joe Biden n’abandonne pas ».