Par Joël Onana
Pour le département de la justice, les changements mis en place ces derniers mois par TikTok pour rassurer les autorités de Washington ne suffisent pas. Dans un document déposé vendredi auprès d’une Cour d’appel fédérale, le département de la justice appelle donc à rejeter les recours déposés par ByteDance, la maison mère de TikTok.
Il évoque pour justifier sa demande les risques pour la sécurité intérieure, les risques de manipulation de l’opinion publique américaine ou encore les risques pour les données de millions d’utilisateurs américains que représente l’application TikTok. Le département de la Justice craint notamment le fait que ByteDance doit répondre aux demandes des autorités chinoises d’accès aux données des utilisateurs américains, mais aussi au fait que le groupe pourrait censurer ou mettre en avant des contenus spécifiques sur sa plateforme.
« Porter atteinte aux intérêts américains »
« Étant donné la large portée de TikTok aux États-Unis, la capacité de la Chine à utiliser les fonctionnalités de TikTok pour atteindre son objectif primordial de porter atteinte aux intérêts américains crée une menace contre la sécurité nationale d’une profondeur et d’une ampleur immenses », écrit donc le DoJ dans le dossier de ses arguments.
TikTok donne à Pékin les « moyens de porter atteinte à la sécurité nationale des États-Unis », ajoute-t-il, dénoncant au passage que l’emplacement en Chine de la firme « permettrait au gouvernement chinois de contrôler secrètement l’algorithme – et ainsi de façonner secrètement le contenu que les utilisateurs américains reçoivent ».
« La Constitution est de notre côté », a répliqué samedi l’entreprise chinoise qui avait saisi la justice pour contester la loi adoptée en avril dernier par le Congrès, forçant ByteDance à vendre son réseau social d’ici le 19 janvier au risque d’être interdit aux États-Unis. TikTok dénonce une violation de la liberté d’expression, premier amendement de la Constitution américaine. Ce bras de fer juridique et politique devrait durer des mois et probablement finir devant la Cour suprême des États-Unis.