Par Joël Onana
En Guinée Équatoriale, l’entreprise d’État chinoise China State Construction se trouve sous pression. En effet, accusée d’un retard de près de quatre ans sur le méga projet de construction de la cité administrative de La Paz, située à Djibloho, huitième province du pays, le gouvernement menace de lui retirer définitivement le contrat estimé à plusieurs milliards de Fcfa. Lors d’une récente rencontre avec les responsables de ce géant des BTP, le Vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangué a donné un dernier ultimatum à l’entreprise publique : reprendre les travaux d’ici le 15 décembre prochain, sous peine de voir le contrat être résilié et le marché attribué à un autre soumissionnaire.
Selon le Vice-président équato-guinéen, les retards importants par rapport au calendrier initial, qui prévoyait une livraison des travaux entre 2017 et 2019, sont inacceptables. « Le programme de développement de la Guinée équatoriale a un rythme qui ne peut être ralenti par les circonstances particulières d’une entreprise. China State Construction a jusqu’au 15 décembre pour démarrer la construction des ouvrages de Djibloho, à défaut de quoi ils seront attribués à une autre entreprise. Ils ont signé un contrat avec le Gouvernement en 2015 pour réaliser lesdits travaux et effectuer les livraisons correspondantes entre 2017, 2018 et fin 2019. Cependant, ils n’ont pas tenu parole et n’ont pas informé l’Exécutif des raisons de l’arrêt desdits travaux », a-t-il déclaré.
Cette décision fait suite à une série d’avertissements lancés par les autorités équato-guinéennes depuis octobre 2023. Lors d’une rencontre officielle à cette date, le gouvernement avait formellement sommé China State de reprendre les travaux de la Cité administrative, rappelant les termes du contrat signé entre les deux parties. Sous la pression des autorités, l’entreprise chinoise s’était engagée à reprendre les travaux dès mars 2024. Cependant, malgré cet engagement, aucun progrès significatif n’a été constaté. Les raisons invoquées par China State pour justifier ces retards répétés restent floues. Face à cette situation, le gouvernement équato-guinéen, exaspéré par le manque de coopération de son partenaire chinois, a décidé de durcir sa position. En fixant un ultimatum au 15 décembre, les autorités entendent mettre fin à cette impasse et envisagent, en cas de non-respect de cet ultimatum, de résilier le contrat avec China State.
Un concours financier d’Eximbank
Dans le détail, ce mégaprojet scindé en trois phases prévoit notamment la construction de 1 200 établissements, 504 logements sociaux et 10 nouveaux ministères. Le coût global de ce dernier n’a pas été rendu public. Cependant, le Trésor public a confirmé que la Guinée équatoriale a déjà versé 30% du montant total à China State Construction pour le lancement des travaux. D’après l’organe publique, ce financement a été assuré par un prêt contracté auprès d’Eximbank. Le pays s’est engagé à rembourser à cette institution financière un montant total de 10 milliards de Fcfa, dont une première tranche de 3 milliards a déjà été versée.
Il faut noter qu’en dépit des menaces des autorités Équato-guinéenne, l’entreprise chinoise met le cap sur d’autres pays en développement. Cette dernière a récemment remporté un marché de 2 milliards de dollars (soit plus de 1200 milliards de Fcfa) à Diriyah, en Arabie Saoudite, et d’autres projets de Btp au Congo.