Par Léopold DASSI NDJIDJOU
La France est-elle chassée du Niger ou bien a-t-elle décidé de s’en aller de ce pays du Sahel comme l’a lâché le président français le 24 septembre dernier au détour d’un entretien avec un journaliste de de France 2 ? Paris quitte-elle Niamey de plein gré ou pas ? C’est une question difficile qui expose dans toute sa cruauté et sa froideur le revers sans fin que subit Macron au Sahel depuis le coup d’Etat du colonel Assimi Goïta en 2020 suivi de l’expulsion de l’ambassadeur de France et de la rupture des accords de Défense. Bis repetita, le Burkina Faso puis le Niger s’engouffrent dans ce trou d’air. En aoûtdernier, Macron a vu rouge quand le général Abdourahame Tiani a déposé Mohamed Bazoumdans cette ambiance de ce qu’il a qualifié lui-même « d’épidémie de coups d’Etat au Sahel ». La décision de Paris de remettre le président déchu au pouvoir va au fil des jours durcir la relation entre les militaires au pouvoir et l’Elysée.
La Cedeao, avec l’onction d’Emmanuel Macron va menacer de recourir à la force avant de revenir à des meilleurs sentiments. Et pour cause, les Etats-Unis mettent la pédale douce et adoubent en douce la junte. Pendant ce temps,Paris dans une démarche au fond solitaire, est dans une posture va-t-en-guerre et cristallise toutes les rancœurs à Niamey. Dans cette logique de bras de fer, l’homme fort pousse toujours un peu plus loin ses exigences, et finit par exiger le départ de l’ambassadeur et les troupes françaises (1500 hommes).
Les manifestations se multiplient, toujours de plus en plus contre la France. Paris refuse d’obéir en quoi que ce soit aux autorités nigériennes, illégales à ses yeux. Dès lors, l’ambassade de France et ses fonctionnaires sont sous blocus à Niamey. Macron a aussi indiqué que ses 1500 soldats quittent la terre nigérienne d’ici la fin de l’année. Au regard de la réalité sur le terrain, Paris s’en va mais Washington reste. Paris s’en va, laissant Bazoumentre les mains des autorités nigériennes, plus que jamais fragilisé. Quelles sont les conséquences politiques de cette déconvenue de la France, après la Mali et le Burkina Faso ? Le président Macron Comprendra-t-il que son discours à l’université de Ouagadougou lors de son premier voyage sur le continent en novembre 2017, en présence du président d’alors, Marc Christian Kaboré, emporté par un coup d’Etat s’adressait à une jeunesse qui comme lui n’a pas connu la colonisation? Quoi qu’on puisse dire, la France paie aussi cash les incohérences de sa politique africaine.
Par exemple, elle salue le coup d’Etat au Gabon et désapprouve celui du Niger. Qu’est-ce qui fait problème au Niger ? On se souvient qu’en 2020, Emmanuel Macron a adoubé un coup d’Etat constitutionnel au Tchad. Il s’était rendu à N’Djamena en l’absence des chefs d’Etat de la Cemac, en dehors du numéro un centrafricain. Comment comprendre que dans ses anciennes colonies, Paris est silencieuse devant les tripatouillages constitutionnels pour pérenniser la longévité au pouvoir au grand dam des peuples réduits au silence ? Quelle est la logique qui guide désormais la politique africaine de la France ? Avec le revers essuyé à Niamey, la France va-t-elle laisser les coups d’Etat faire leur chemin, sans dire mot, comme on l’a constaté au Gabon ? That’s the question on the air.