Par Sandra Embollo
La première livraison de vaccins contre le Mpox est arrivée en République démocratique du Congo (Rdc), ce jeudi. Un premier lot de 99.100 des précieuses doses devait atterrir à 13h10, heure française, à l’aéroport international de Kinshasa, selon l’agence de santé de l’Union africaine (Africa Cdc), dont une délégation est présente sur place.
Ces vaccins sont donnés par l’Union européenne et envoyés par avion depuis le Danemark. A titre indicatif, le pays africain épicentre de l’épidémie doit obtenir 200.000 doses au total cette semaine. Un second vol, chargé du reste du contingent, doit arriver samedi. « Il s’agit de donations de l’Hera », organisation chapeautée par la Commission européenne, a déclaré son directeur Laurent Muschel, faisant référence à l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire, mise en place lors de la pandémie de Covid-19.
560.000 doses de l’UE
Selon Laurent Muschel, également présent à Kinshasa jeudi, plus de 560.000 doses au total seront octroyés par l’UE et ses États membres. « On espère qu’il y en aura plus encore », a-t-il précisé. Ces donations seront à destination de la RDC, ainsi que d’autres pays du continent infectés par le virus.
La totalité des vaccins arrivant cette semaine en Rdc proviennent du laboratoire pharmaceutique danois Bavarian Nordic. Ce vaccin, le seul homologué à ce stade en Europe et aux Etats-Unis, est uniquement à destination des adultes. Des essais sont actuellement menés pour un potentiel usage sur les enfants de plus de douze ans. Un autre vaccin contre le Mpox est autorisé au Japon, qui a aussi promis un nombre important de doses à la Rdc.
Au total, quelque 3,6 millions de vaccins à destination des pays africains ont été sécurisés, selon l’Africa Cdc, la Rdc – pays du monde de loin le plus touché – étant un bénéficiaire prioritaire pour les autorités sanitaires internationales.
Des campagnes de vaccination dès le mois prochain
Selon les autorités sanitaires internationales, le gouvernement congolais prévoit de commencer les campagnes de vaccination dès le mois prochain. Mais le pays sera confronté à un défi logistique de taille sur un territoire qui fait quatre fois la France. Le vaccin danois doit par ailleurs être conservé dans des conditions de froid particulières, « à moins 20°C, la température d’un congélateur », a précisé Laurent Muschel. Pour rappel, la RDC a enregistré depuis janvier plus de 19.000 cas de la maladie, auparavant appelée variole du singe, et plus de 650 décès, selon les chiffres communiqués mardi par le ministère de la Santé. Plus de 5.000 cas ont été détectés dans l’est, en proie à des violences armées. Quelque 62% des cas de contamination touchent des enfants, selon l’Africa Cdc. Quatre décès sur cinq ont également été enregistrés chez des enfants.
Dans le reste de l’Afrique, le virus est désormais présent dans treize pays, dont le Burundi (796 cas), le Congo-Brazzaville (162 cas) et la République centrafricaine (45 cas), selon les chiffres datant du 27 août. La Guinée a annoncé mercredi avoir détecté un premier cas. La recrudescence de la maladie sur le continent et l’apparition d’un nouveau variant (clade 1b) avaient poussé le mois dernier l’OMS à déclencher son plus haut degré d’alerte mondiale.
Les épidémies causées par le clade 1b
Plusieurs épidémies de Mpox sont actuellement en cours dans le centre de l’Afrique. L’épidémie de 2022 avait été causée par le « clade 2 », toujours en circulation à bas bruit dans de nombreux pays dont la France. Les épidémies en RDC sont, elles, causées par le « clade 1 », la situation dans le pays se compliquant avec l’apparition d’une nouvelle version de ce sous-groupe, le variant 1b, dont la dangerosité et la contagiosité sont pour l’heure difficiles à évaluer, selon plusieurs spécialistes.
Selon l’OMS, les cas dus au clade 1b ont rapidement augmenté depuis plusieurs semaines mais « relativement peu de décès ont été notifiés ». Le ministre congolais de la Santé a appelé cette semaine la population à respecter les gestes barrières pour mener ce qu’il a appelé une « guerre sanitaire ». Pour rappel, le virus du Mpox se propage de l’animal à l’homme mais se transmet aussi entre humains, provoquant fièvre, douleurs musculaires et lésions cutanées.
