Par Mon’Esse
Le fondateur du site Wikileaks, Julian Assange, qui a permis aux Camerounais d’en savoir un peu plus sur le sérail, a été exfiltré mardi de sa prison anglaise où il était détenu depuis 2019, et doit rejoindre un tribunal fédéral américain où il plaidera coupable à l’issue d’un accord qui lui permet de retrouver sa liberté.
Ce mercredi, celui qui est poursuivi pour
pour avoir exposé au grand jour des centaines de milliers de documents confidentiels, sera face à un tribunal fédéral des îles Mariannes, un territoire américain du Pacifique.
Après avoir signé un accord avec la justice, l’Australien devrait plaider coupable afin d’être condamné à une peine équivalente au temps déjà passé en prison, c’est-à-dire 62 mois (depuis 2019).
Créée en 2010 par Julian Assange, Wikileaks est cette association ayant divulgué une série de documents classifiés, dont beaucoup provenant de câbles diplomatiques.
Dans une note diplomatique américaine classée confidentielle, en mars 2009, relative à un entretien entre le ministre d’Etat en charge de la Justice, Amadou Ali et l’ambassadrice américaine, Janet Garvey, le premier cité aurait ainsi affirmé à son interlocutrice que la succession du président Biya, originaire de l’ethnie bulu, devait être envisagée sous le prisme ethnique, le ministre ayant mentionné un accord tacite entre les Beti et les Bulu du Sud, d’un côté, et les Nordistes, de l’autre, avant d’indiquer que le septentrion continuerait de soutenir Paul Biya aussi longtemps que celui-ci voudrait être à la tête de l’Etat.
En revanche, aurait ajouté M. Ali, «les Nordistes ne supporteraient plus un successeur issu de la même ethnie ou de l’ethnie bamileke, reconnue pour son dynamisme économique», un propos qui avait à l’époque soulevé une violente polémique à travers le pays.
Cette affirmation avait fait dire à Janet Garvey que
«l’analyse de Monsieur Ali sur un sujet aussi tabou, renforce notre conviction que l’élite politique camerounaise est de plus en plus préoccupée à manœuvrer pour l’après-Biya».
Le second câble diplomatique concerne le décret signé le 10 avril 1979, destiné à accorder une pension à vie aux anciens présidents du Cameroun, équivalent au 2/3 de la solde d’un chef d’Etat en exercice, une pension pour les veuves et les enfants, un logement, un bureau, du personnel, etc.
Deux mois avant la signature dudit texte, deux amendements constitutionnels désignaient le Premier ministre Paul Biya pour accéder à la tête de l’Etat en cas de vacance du pouvoir.
Pour les observateurs, cela signifiait que, voyant sa santé décliner, Ahmadou Ahidjo préparait déjà une retraite douillette.