Par Sandra Embollo
O.J. Simpson, mort à 76 ans jeudi, était un personnage incontournable de la culture américaine et d’une société qui fut marquée par l’acquittement controversé en 1995 de cette ancienne vedette du football américain pour le meurtre de son ex-femme. Malgré cet acquittement surprise, l’histoire d’Orenthal James Simpson, de son nom complet, est celle d’une déchéance inexorable pour un homme parfois considéré comme la première superstar noire aux États-Unis.
Né à San Francisco le 9 juillet 1947, il est élevé par une mère seule, abandonné par son père alors qu’il avait cinq ans. Souffrant de rachitisme dans son enfance, il devient pourtant plus tard un athlète hors normes et réalise une carrière brillante dans la Ligue nationale de football américain NFL. Il est couronné joueur de l’année en 1973 alors qu’il joue pour l’équipe des Buffalo Bills (nord-est).
Séduisant, charismatique, celui qui sera surnommé « The Juice » (le jus, NDLR), en raison de ses initiales correspondant à « Orange Juice » jouit d’une popularité immense qu’il conservera bien après la fin de sa carrière professionnelle, à la fin des années 1970. Avant même de raccrocher les crampons, il est sollicité par le cinéma et la télévision, notamment dans la série « Racines » (1977), et fait le bonheur des annonceurs avec son charme et sa voix légèrement grave. Sa présence naturelle à l’écran le conduira également, plus tard, à une carrière de commentateur sportif.
En 1985, il épouse en secondes noces une beauté blonde, Nicole Brown, qui lui donne deux enfants, et mène une vie opulente. Ils divorcent en 1992. Alors qu’il s’éloignait progressivement des projecteurs, O.J. Simpson va revenir au centre de l’actualité en personnage principal de l’une des affaires judiciaires les plus fascinantes du XXe siècle aux États-Unis.
Prison pour vol
Le 12 juin 1994, Nicole Brown est découverte morte à Los Angeles dans une mare de sang, au côté du corps de son ami Ronald Goldman, lui aussi sauvagement assassiné. Après une poursuite de plusieurs heures sur les autoroutes de Los Angeles, suivie en direct par des caméras de télévision qui filment depuis des hélicoptères, Simpson est arrêté par la police.
Des analyses génétiques identifient le sang de Simpson sur les lieux du crime, celui des victimes dans sa voiture et à son domicile. « O.J. » clame son innocence, mais il est inculpé de double meurtres. Un an plus tard, au terme d’un procès à grand spectacle, lui aussi retransmis en direct à la télévision, un jury de Los Angeles l’acquitte. Cette décision provoque une vague d’indignation aux États-Unis et divise l’opinion entre Noirs et Blancs, trois ans après de sanglantes émeutes raciales dans la mégalopole californienne.
L’ex-joueur est ensuite reconnu responsable de la mort des deux victimes lors d’un procès civil en 1997 et condamné à payer des dommages-intérêts de plus de 33 millions de dollars à leurs familles, ce qu’il ne fera jamais. Il s’installe alors en Floride (sud-est), où ses biens sont à l’abri d’une saisie visant à satisfaire la décision du tribunal civil en Californie, à l’autre bout du pays. Mais il ne disparaît pas pour autant de l’espace public, monnayant ses apparitions, notamment… lors d’un congrès de passionnés de tueurs en série. En 2007, il refait parler de lui dans la chronique judiciaire, interpellé à Las Vegas pour avoir dérobé des souvenirs sportifs avec cinq hommes de main dans un hôtel-casino de la ville, sous la menace d’une arme.
Début octobre 2008, il est reconnu coupable de 12 chefs d’accusation, puis condamné à une peine de 9 à 33 ans de prison. Il était depuis 2017 en liberté conditionnelle. Bien qu’il soit toujours redevable de dizaines de millions de dollars aux familles de son ex-femme et du compagnon de celle-ci, la loi l’autorisait à conserver sa pension de retraite de footballeur professionnel de 25.000 dollars par mois.