Par Sandra Embollo
Au lendemain du refus de la Cour suprême des États-Unis de suspendre l’exécution d’un détenu en Alabama, l’État s’apprête à utiliser, jeudi 25 janvier, une nouvelle méthode, l’hypoxie (raréfaction d’oxygène) à l’azote. L’exécution de Kenneth Eugene Smith sera la première de l’année aux États-Unis, où 24 ont été réalisées en 2023, toutes par injection létale. La gouverneure républicaine de l’Alabama, Kay Ivey, a fixé à jeudi, 6h Gmt, le début de la période de 36 heures pendant laquelle l’exécution peut se tenir.
En 2022, l’État avait déjà tenté d’exécuter, sans succès, cet homme, condamné à mort pour le meurtre d’une femme commandité par son mari en 1988.
Trois précédentes tentatives d’exécutions de Kenneth Eugene Smith par injection létale ont été annulées à l’époque, alors que les responsables de l’État avaient rencontré des difficultés ou des retards pour mettre en place les perfusions intraveineuses nécessaires pour réaliser ces injections.
Ce sera la première fois que l’hypoxie à l’azote sera utilisée pour exécuter un condamné à mort. Cette méthode consiste à placer un masque sur le condamné et à lui faire respirer de l’azote, ce qui provoque une asphyxie.
Recours épuisés
Les juges de la Cour suprême ont rejeté la demande de Kenneth Smith, qui souhaitait obtenir un sursis à son exécution.
Les avocats de Kenneth Smith avaient demandé à la Cour suprême d’intervenir avant l’exécution de leur client, faisant valoir que le protocole prévu par l’Alabama était “récent et n’avait pas été testé” et que l’hypoxie à l’azote était “une nouvelle méthode d’exécution qui n’a jamais été essayée par aucun État ou par le gouvernement fédéral”.
Le procureur général de l’Alabama, le républicain Steve Marshall, a de son côté déclaré dans un document que cette méthode était “peut-être la méthode d’exécution la plus humaine jamais conçue”.
Pas de sédation
Le Haut-Commissariat de l’Onu aux droits de l’Homme (Hcdh) s’est dit “alarmé”, le 16 janvier, par cette exécution programmée “au moyen d’une méthode inédite et non testée, l’hypoxie à l’azote”. Cela “pourrait constituer de la torture ou d’autres traitements cruels ou dégradants au regard du droit international”, a prévenu une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, appelant à un sursis à cette exécution. Le protocole d’exécution par hypoxie à l’azote de l’Alabama ne prévoit pas de sédation, alors que l’Association américaine vétérinaire (Avma) recommande d’administrer un sédatif aux animaux, même de grande taille, lorsqu’ils sont euthanasiés de cette façon, a souligné la porte-parole.
Les États américains pratiquant encore des exécutions sont confrontés à des difficultés pour se procurer les barbituriques utilisés lors des injections létales, notamment en raison d’une interdiction européenne qui empêche les entreprises pharmaceutiques de vendre des médicaments destinés à être utilisés lors d’exécutions.