Par Arlette Akoumou Nga
Sur ce lieu se trouvait avant une mosquée du XVIe siècle. Mais les hindouistes affirment qu’elle avait été construite sur un ancien temple hindou en l’honneur du dieu Ram. Les archéologues n’ont jamais pu prouver cette affirmation. Mais dans les années 1940, des hindous ont placé une icône de Ram dans la mosquée, et cela a initié l’un des plus importants conflits entre hindous et musulmans de l’histoire moderne de l’inde.
Ces divisions ont été instrumentalisées par le parti nationaliste hindou du Bjp pour attirer des votes et grandir, et cela s’est terminé par la destruction de la mosquée par des hindouistes, en 1992. C’est finalement la Cour suprême qui a clos l’affaire, il y a cinq ans, en offrant le terrain disputé aux hindous, et un autre terrain aux musulmans.
Laïcité
Ce nouveau temple est maintenant inauguré et c’est le Premier ministre lui-même qui a officié pour cette cérémonie. Guidé par un prêtre, Narendra Modi a donc servi les offrandes au dieu. C’est un rôle religieux qu’il a exercé en tant que Premier ministre, ce qui va à l’encontre de la laïcité de l’État indien.
Ce n’est pas la première fois que Narendra Modi piétine ainsi la laïcité. Il avait déjà mené une telle cérémonie lors de la pose de la première pierre de ce temple il y a trois ans. Et cela confirme la volonté du BJP de faire de l’hindouisme la religion d’État. Dans son discours d’après cérémonie, il l’a clairement exprimé : « Le dieu Ram représente la fondation de l’Inde, et doit guider sa loi. » La religion pourrait donc inspirer la législation, si on en croit les propos du Premier ministre, comme dans une théocratie. Tout cela arrive alors que l’Inde célèbre dans trois jours la fête de sa constitution, encore officiellement laïque, en présence du président français Emmanuel Macron.
Législatives
À trois mois des législatives, en quoi cette inauguration peut influer les électeurs ? Lors de la retransmission publique de la cérémonie, la foule a applaudi en voyant arriver le Premier ministre indien. Tous disent qu’il a été essentiel dans ce combat pour obtenir ce temple, et lui sont reconnaissants. Narendra Modi capitalise déjà là-dessus, en soutenant qu’il est un homme qui tient ses promesses. « Les garanties de Modi », peut-on lire partout en ville.
Cette reconnaissance des hindous se transformera certainement en vote, particulièrement dans le nord où les gens sont les plus attachés à ce temple de Ram. Surtout que l’opposition n’a pas trouvé de discours alternatif pour défendre une politique plus laïque et respectueuse des minorités religieuses.