Avec Jeune Afrique
Ce n’est pour l’instant qu’une rumeur, mais quand trois personnes généralement bien informées, ne se connaissant pas, font d’un éventuel retour du Portugais António Conceição (62 ans) sur le banc des Lions indomptables une hypothèse non négligeable, il convient de lui accorder un certain crédit. Le technicien lusitanien, en poste depuis le mois d’octobre 2019, avait été remercié après la troisième place obtenue par le Cameroun lors de la Coupe d’Afrique des nations 2022 (Can), alors qu’il était sous contrat jusqu’en septembre 2023, avec un salaire mensuel de 52 000 euros.
L’ancien entraîneur de l’Estrela da Amadora et de Penafiel (Portugal), passé également par la Roumanie, Chypre et l’Arabie saoudite, avait été choisi et nommé par Narcisse Mouelle Kombi, le ministre des Sports, alors que la présidence de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) était assurée par Seidou Mbombo Njoya. Samuel Eto’o, élu à la tête de l’instance en décembre 2021, n’avait quant à lui jamais caché sa défiance vis-à-vis du sélectionneur.
Conceição, le favori du ministre
Le Portugais, malgré un bilan positif (15 victoires, 7 nuls et 2 défaites) et le soutien du ministre des Sports, avait été limogé par l’ancien buteur du FC Barcelone. Eto’o avait rapidement nommé son ancien coéquipier en sélection, Rigobert Song, pendant que Conceição portait inévitablement l’affaire devant la Fifa pour réclamer le paiement de l’intégralité de ses salaires jusqu’à la fin de son contrat. Le 3 novembre dernier, le Tribunal arbitral du Sport (TAS) avait, en dernier recours, condamné la Fecafoot à payer 1,6 million d’euros à l’entraîneur au chômage depuis son départ prématuré du Cameroun.
Alors, pourquoi l’ancien international portugais (1 sélection) reviendrait dans un pays qui lui doit (beaucoup) d’argent, pour travailler avec un président de fédération qui ne l’apprécie pas (et réciproquement) et est réputé pour être plutôt intrusif dans la vie des Lions indomptables ? « Parce que Conceição était plutôt bien vu des joueurs, qu’il connaît le Cameroun et l’environnement de la sélection, et qu’il a l’appui de Narcisse Mouelle Kombi », explique une source proche de la Fecafoot.
Or la nomination du successeur de Rigobert Song répondra à un processus bien précis, avec un appel à candidatures, la nomination d’une commission chargée d’étudier les CV et de dégager une short list de trois noms, des entretiens individuels et enfin un choix final qui sera effectué par le président Paul Biya.
« Ce serait également une opportunité de trouver un accord financier avec Conceição, en lui proposant un contrat de trois ans, avec un salaire à négocier, mais qui serait légèrement supérieur à celui que percevait Song (environ 39 000 euros), tout en y ajoutant la somme que lui doit la Fecafoot. Cela permettrait de lisser ces 1,6 million d’euros sur trois ans, puisqu’il est très possible que ce soit l’État qui règle cette somme en raison des difficultés financières de la fédération », poursuit cette même source.
Broos a aussi ses partisans
Si António Conceição a les faveurs de Narcisse Mouelle Kombi, lequel a contacté le technicien portugais, un autre nom bien connu des Camerounais circule également dans les couloirs du ministère des Sports et de la présidence de la République. Il s’agit de celui du Belge Hugo Broos (71 ans), actuellement sélectionneur de l’Afrique du Sud, avec qui il a atteint la troisième place lors de la dernière CAN en Côte d’Ivoire. Le Flamand, qui dispose d’une clause de sortie dans son contrat, peut facilement se libérer, et son profil plaît à Yaoundé. En 2017, au Gabon, Broos avait conduit les Lions indomptables à un cinquième titre continental à la surprise générale, ce qui lui vaut de bénéficier d’un réel crédit et d’une certaine popularité.
L’ancien défenseur des Diables rouges belges (24 sélections), également approché par le FC Bruges où il a joué et entraîné, gagne aujourd’hui 50 000 euros par mois, hors primes et avantages en nature. Un salaire tout à fait accessible pour l’État camerounais, qui prendra en charge les émoluments du futur sélectionneur et de son staff technique. « Comme Conceição, Broos connaît très bien l’environnement camerounais. C’est une forte personnalité, avec un management moins souple que celui du Portugais », intervient un agent qui le connaît bien.
Le Flamand n’est pas du genre à accepter la moindre ingérence dans le domaine sportif, et la cohabitation avec une autre forte tête – Samuel Eto’o – ne manquerait pas de piment, même si l’État a fait comprendre à ce dernier qu’il devra d’abord s’occuper des affaires de la fédération et moins de celles de la sélection.
Eto’o pense à Hervé Renard
Le président de la Fecafoot, qui avait approché le Belge Tom Saintfiet (50 ans), l’ancien sélectionneur de la Gambie aujourd’hui aux Philippines, a évoqué dans une interview accordée à France 24 son intérêt pour le Français Hervé Renard. Mais l’ancien coach champion d’Afrique avec la Zambie en 2012 et la Côte d’Ivoire en 2015 est cependant lié à la Fédération française de football jusqu’à la fin du mois d’août, et s’apprête à disputer les Jeux olympiques de Paris avec l’équipe de France féminine (26 juillet au 11 août).
Il est également suivi de près par d’autres fédérations, dont l’Égypte, et pourrait trouver un accord de principe avec l’une d’elles avant de prendre ses fonctions le 1er septembre prochain. Pour l’instant, le Français reste très discret sur les discussions qu’il mène avec ses courtisans.
Aux dernières nouvelles, le Cameroun n’a pas prévu de jouer de matchs amicaux lors de la prochaine trêve internationale, qui s’étendra du 18 au 26 mars. Les Lions indomptables ne devraient donc rejouer qu’au mois de juin, lors des 3e et 4e journées des qualifications pour la Coupe du monde 2026, contre le Cap-Vert et l’Angola.
