Par René Mbarga
En menaçant de sanctions, les militaires qui étaient allés saluer le sultan Nabil Mbombo Njoya, Joseph Beti Assomo ouvre implicitement la voie aux razzias électorales futures de l’Union des démocrates du Cameroun (Udc) dans le Noun, tout en entérinant la disparition du parti au pouvoir.
Si Joseph Beti Assomo s’était tu, le passage des 32 soldats au palais du sultan des Bamoun Nabil Mbombo Njoya, le 23 décembre dernier, serait assurément déjà un lointain souvenir. En effet, en signant la circulaire ministérielle N°239298 du 29 décembre 2023, portant rappel de certains principes et règles liés au statut militaire, le ministre de la Défense a fait montre de myopie politique. Le rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) et avant lui son ancêtre, l’union nationale camerounaise ( Unc) ont été implantés dans le Noun, grâce aux sultans, qui se sont succédé au palais royal de Foumban. On se souvient encore de la place centrale que joua, la ville chef-lieu du département du Noun, lors des pourparlers qui opposèrent Ahmadou Ahidjo, aux leaders anglophones, avant la réunification des deux Cameroun.
Au plus fort, de la période dite de braises, dans les années 1990, le défunt sultan Ibrahim Mbombo Njoya avait pesé de tout son poids, pour assurer l’hégémonie de la formation politique de son ami Paul Biya. Au point d’affronter dans un duel fratricide son cousin Adamou Ndam Njoya, dont le département du Noun apparaissait comme un socle granitique.
Dans certaines circonstances, le silence est d’or. Joseph Beti Assomo aurait pu faire preuve de sagesse et de tempérance en passant l’incident de Foumban sous silence, tout en les puissant même sous silence. En manquant ouvertement de respect au 20ème souverain de la dynastie de Nchare Yen, il donne raison aux quelques extrémistes Bamoun, qui pensent qu’il n’y a jamais eu rien à attendre du régime de Yaoundé.
Il ne serait pas erroné de confirmer que Joseph Beti Assomo s’est fait manipuler ou veut tout simplement achever le parti de Paul Biya dans le Noun; en signant ce document qui lui a été proposé par des collaborateurs mal informés sur les honneurs militaires ou tout surtout jaloux des us et coutumes Bamoun et de leur jeune monarque. Puisqu’il n’a pas d’ailleurs dit toute la vérité sur ceux qui peuvent le recevoir. Le défunt Sultan, le père de l’actuel l’ayant bel et bien reçu à titre posthume. Mais, il n’est pas cité dans la circulaire de Beti Assomo. Ce qui est sûre, le Sultan Nabil Mfonrifum Mbombo Njoya les recevras un jour à son tour. Et ce n’est qu’une question de temps.