A.M à Foumban
La visite guidée du musée des rois Bamoun plonge le visiteur dans les premiers moments des transactions en vue de la fondation du royaume Bamoun. Nous sommes dans les années 1394. Un jeune prince, Nchare-Yen, venu de la plaine de l’Adamoua, et qui avance héroïquement avec l’intention de fonder un territoire. Après toutes les péripéties, Nchare-Yen, accompagnés de ses frères qui deviendront plus tard des grands notables intronisateurs de rois ( Nkom), institua le royaume Bamoun sous un arbre de karité, à Njimom à une vingtaine de kilomètres de Foumban. A travers des dessins sur les murs du musée, l’on retrace ce parcours fondateur du royaume Bamoun.
Dans son évolution, on tombe sur des artefacts qui symbolisent l’héroïsme et la bravoure d’un peuple, sous l’égide de leurs monarques. Le roi Mbouombou par exemple, le 11e de la dynastie, dont la tunique brodée de près de deux mètres trône au musée. C’est sous son ère que le royaume Bamoun se dota de ses premières armoiries que sont le serpent à deux têtes et la cloche à double gongs. En effet, l’on relate au musée que Mbouombouo est cet intrépide guerrier qui permit au royaume d’élargir ses limites, grâce à la soumission de plusieurs communautés.
Dans ces expéditions, son armée fut attaquée à l’ouest, alors qu’il était au front est. Grâce à une réorganisation tactique, les troupes sous le commandement de Mbouombouo, parvinrent à vaincre simultanément sur les deux fronts. D’où l’appellation, “serpent à deux têtes ” symbole de puissance, qu’il attribua aux Bamoun. La cloche à double gongs ayant servi pour mobiliser le maximum de guerriers, pour mener cette guerre.
Le musée des rois Bamoun accorde une part belle au sultan Ibrahim Njoya. Et pour cause ! C’est lui qui eut l’ingénieuse idée de bâtir dans les années 1922, ce qu’on va appeler “Nda ngu” (maison du royaume). Ce qui sera plupart, avec la civilisation occidentale, une sorte de musée. Les œuvres du roi Njoya, le moulin à moudre le maïs, les manuscrits des documents à écriture A ka u Ku, inventée par ce monarque inspiré, des pagnes brodés, des œuvres d’art perlés…sont exposés pour lui rendre hommage. L’on retrouve également les effets personnels de monarques comme le sultan Njimoluh Njoya Seïdou. Ou alors, les photos précieuses illustrant le dense parcours du sultan Ibrahim Mbombo Njoya, de sa vie de jeune prince en celle de roi, en passant par les fonctions administratives et politiques. Et si vous voulez tout savoir sur les nombreuses visites du président Paul Biya au palais des rois Bamoun, le musée offre des photos inédites. Les trônes légués par différents monarques y sont également exposés. Sauf celui se trouve à Berlin en Allemagne. A ce sujet, l’on nous confie qu’il a été prévu un espace spécial pour accueillir le trône du roi Njoya qui est au musée de Berlin depuis plusieurs décennies. Une grande ambition que le musée des rois Bamoun affiche, avec une scénographie magnifique, œuvre du sultan Mouhammad-Nabil Mforifoum Mbombo Njoya. Le musée est ouvert au public, contre un franc symbolique.
