Par Julie Peh
Pour des millions de Camerounais, le dimanche rimait avec Rose Épie Ngolle. C’est elle qui, pendant des années, a fait de Tam-Tam Week-End un rendez-vous incontournable, par son animation chaleureuse et son aisance communicative. Un succès qu’elle a ensuite prolongé dans Monday Show, autre émission culte, où elle a confirmé son statut d’icône du petit écran. Avec son éternel sourire et sa bonne humeur contagieuse, Rose Épie Ngolle a illuminé les écrans et les cœurs, s’imposant comme une véritable institution de la télévision camerounaise. Mais le talent de Rose Épie Ngolle ne s’est pas limité à l’animation. Elle a aussi été une intervieweuse hors pair, notamment dans « V Comme Vedette », émission phare où elle recevait les plus grandes stars du moment. Avec son style chaleureux et son empathie naturelle, elle a su tirer le meilleur de ses invités, offrant aux téléspectateurs des moments de télévision inoubliables. Un exercice dans lequel elle excellait, confirmant son statut de figure incontournable du Paf camerounais.
Mais la vie de Rose Épie Ngolle n’a pas été un long fleuve tranquille. Elle a connu des épreuves, comme le décès de son frère, l’artiste Etub Ayang, qui l’a profondément affectée. Mais à chaque fois, cette lionne de l’écran a su rebondir, puisant dans son amour du métier et son professionnalisme sans faille la force de continuer. Une résilience qui force l’admiration et qui témoigne de la force de caractère de cette grande dame de la télévision. Pourtant, c’est avec un goût amer que Rose Épie Ngolle a quitté la Crtv maison qu’elle a servie pendant des décennies. Dans ses dernières interviews, elle n’a pas caché sa déception et son amertume, estimant avoir « plus donné à la Crtv que ce qu’elle a reçu en retour ». Des conditions de travail difficiles, symbolisées par cette anecdote glaçante : « J’ai travaillé en direct sur une chaise cassée », des efforts non reconnus à leur juste valeur… Autant de griefs qui témoignent d’une fin de parcours douloureuse pour celle qui a tant donné à la télévision publique.
Mais au-delà de ces blessures, c’est surtout l’immense héritage de Rose Épie Ngolle qui restera. Celui d’une pionnière, qui a ouvert la voie à des générations d’animatrices et d’animateurs. Celui d’une professionnelle passionnée, qui a toujours mis son talent au service du public, avec une générosité et une authenticité qui ont fait sa marque. Celui, enfin, d’une femme d’exception, dont le sourire et la bienveillance ont illuminé les écrans et les cœurs pendant des décennies.
L’univers médiatiatique camerounais perd ainsi une inspiration, un modèle. Mais son héritage, lui, est éternel. Il continuera à briller dans nos mémoires et sur nos écrans, comme un rappel constant de ce que doit être la télévision : un espace de partage, d’émotion et de proximité avec le public. Un idéal que Rose Épie Ngolle a incarné avec grâce et brio tout au long de sa carrière exceptionnelle.