Par Sandra Embollo
À Téhéran, on estime que l’attaque a été un succès, C’est la plus grande attaque de drones de l’histoire. C’est aussi la première fois qu’Israël est ainsi frappé depuis la guerre de 1967.
Le chef d’état-major des forces armées iraniennes, le général Baqeri, a affirmé que l’Iran n’avait pas l’intention de poursuivre cette opération : « Grace à Dieu, l’attaque menée a atteint tous ses objectifs. Nous n’avons pas l’intention de la poursuivre. Nous estimons qu’elle est terminée. Mais, si jamais Israël décide de riposter soit contre notre sol, soit contre nos bases à l’étranger, notamment en Syrie, notre réponse sera encore plus vaste que l’attaque d’hier soir. »
Un peu plus tard ce dimanche matin, le président iranien Ebrahim Raïssi a prévenu que la réaction de son pays serait « plus forte » en cas de « comportement imprudent » d’Israël. « La punition de l’agresseur s’est réalisée », s’est félicité M. Raïssi dans un communiqué, en ajoutant que « si le régime sioniste ou ses partisans » faisaient « preuve d’un comportement imprudent, ils recevraient une réponse décisive et bien plus forte ».
Dans la nuit de samedi à dimanche, des Iraniens sont descendus dans la rue à Téhéran et dans les villes de provinces pour crier victoire et exprimer leurs joies. De nombreuses vidéos circulent aussi sur les réseaux sociaux montrant des missiles iraniens au-dessus de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem ou encore au-dessus de la Knesset. Sur certaines vidéos, on voit également des missiles frapper des cibles les unes après les autres.
L’Iran affirmé n’avoir visé aucun centre économique ou de zone civile pour punir l’armée israélienne après son attaque contre le consulat iranien à Damas. Téhéran a affirmé que des cibles militaires avaient été visées, notamment une base au Néguev, mais aussi une base dans le nord d’Israël d’où étaient partis les avions qui avaient frappé le 1ᵉʳ avril, faisant seize morts, dont deux importants commandants des Gardiens de la révolution. Dans la nuit, les Gardiens de la révolution ont publié un communiqué pour mettre en garde Israël, mais aussi les États-Unis, arguant que s’ils s’engageaient aux côtés d’Israël pour attaquer l’Iran, tous les intérêts et les bases américaines dans la région, notamment en Syrie et en Irak, seront des cibles potentielles et légitimes.
Entre l’Iran et Israël, d’une guerre indirecte à une première confrontation directe
C’est la première fois de leur histoire qu’une confrontation directe éclate entre l’Iran et Israël. Pourtant, depuis son avènement il y a 45 ans, la République Islamique considère que l’État d’Israël est illégitime, et le soutien aux Palestiniens est l’un des piliers de la politique internationale de l’Iran. Pour Israël, l’Iran représente une menace existentielle, d’autant que les progrès nucléaire de Téhéran lui permettent de s’approcher de la maîtrise de l’arme atomique.
Jusqu’à présent, les deux ennemis se livraient à une guerre indirecte. L’Iran à la tête d’un « axe de la Résistance » unifiant le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais, les Houthis du Yémen, et des milices irakiennes. Israël en menant une guerre secrète faite d’assassinats et de sabotage pour freiner les progrès nucléaires de l’Iran, et Israël multipliant depuis des années les raids en Syrie pour empêcher l’Iran d’y déployer ses forces et celles de ses alliés.
Avec l’attaque du consulat iranien de Damas attribuée à Israël, la semaine dernière, et avec les centaines de missiles et de drones de la riposte iranienne la nuit dernière, un nouveau chapitre s’est ouvert pour le Proche-Orient. Aujourd’hui, beaucoup se demandent jusqu’où ira l’escalade ?