Par Sandra Embollo
Il y a encore cinq ans, Recep Tayyip Erdogan jurait de ne « jamais » rencontrer Abdel Fattah al-Sissi. Il le qualifiait de « putschiste » et de « tyran » pour avoir renversé, en 2013, le président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans.
Cette visite au Caire démontre une fois de plus son extrême pragmatisme. Le président turc estime désormais que pour peser sur les équilibres en Méditerranée et au Moyen-Orient, la Turquie doit coopérer avec l’Égypte. En Méditerranée orientale, elle souhaite signer avec Le Caire un accord de délimitation maritime, qui renforcerait sa position dans ses disputes avec la Grèce et Chypre. Elle espère avancer ses pions dans les projets gaziers sur lesquels l’Égypte jouit d’une grande influence. Ankara pense aussi à la Libye, où elle dit vouloir travailler avec Le Caire à une solution politique.
L’économie d’abord
Il y a également les intérêts économiques : minée par l’inflation, l’économie turque a besoin d’exporter pour renflouer ses réserves en devises. Malgré une décennie de brouille, l’Égypte reste son principal partenaire commercial en Afrique. Le volume des échanges a doublé depuis le début du processus de rapprochement en 2020.
Pour sceller la réconciliation, la Turquie vient de donner son accord à la vente de drones de combat à l’Égypte.