Accueil Opinion Election de Bassirou Dioamaye FAYE: Le Sénégal parle au Cameroun, mais le fait Sénégalais ne peut pas se produire au Cameroun

Election de Bassirou Dioamaye FAYE: Le Sénégal parle au Cameroun, mais le fait Sénégalais ne peut pas se produire au Cameroun

Par panorama papers
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Par Hilaire KAMGA

Le 24 mars 2024, le Duo Faye /Sonko a été plébiscité par le Peuple Sénégalais et Faye deviendra le 5e président du Sénégal.
Depuis cette dernière élection, plusieurs voix se lèvent au Cameroun pour y trouver des similitudes, en postulant la possibilité de camerouniser le Fait Sénégalais.

D’autres pendant temps, postulent simplement la « malédiction » du Cameroun où la Jeunesse est moribonde malgré le fait qu’elle représente plus de 68% de la population.
Or je dois préciser que, bien que le Sénégal par cette élection « parle vraiment au Cameroun » (I), il n’est pas possible que le Fait sénégalais puisse se produire au Cameroun en l’état actuel des choses (II). D’où l’urgence de créer les conditions nécessaires pour une alternance crédible au Cameroun (III)
I. Avec la victoire dès le 1er tour de Faye/Sonko, le Sénégal « parle » au Cameroun.
Avec l’élection d’un 5eme président âgé de 44 ans, dans un pays parvenu à l’indépendance au même moment (1960) que le Cameroun, on peut naturellement admettre que la leçon sénégalaise devrait faire réfléchir les Camerounais. Cette leçon pourrait se structurer autour d’un questionnement en 07 points.

  1. Comment le Cameroun peut continuer à être pris en otage par des nonagénaires à l’œuvre dans leur mission d’asservissement du peuple depuis 64 ans ?
  2. Pourquoi l’apathie électorale est si criarde au Cameroun et surtout chez les jeunes alors qu’au Sénégal, ce sont les jeunes qui ont fait inverser les tendances ?
  3. Comment le Conseil Constitutionnel joue pleinement son rôle d’arbitre institutionnel entre les 03 pouvoirs alors qu’au Cameroun celui-ci est un instrument de conservation du pouvoir entre les mains du Président en place ?
  4. Pourquoi le Cameroun continue de se méfier des candidatures indépendantes alors même que le Sénégal assure son émancipation démocratique grâce, entre autre, à l’instauration des candidatures indépendantes ? D’ailleurs le nouveau président Faye était finalement un candidat indépendant.
  5. Pourquoi les résultats électoraux peuvent être disponibles en moins de 24 heures au Sénégal alors qu’au Cameroun, il faut souvent attendre 02 semaines, avec une quasi interdiction de publier ne serait-ce que les tendances ?
  6. Comment malgré l’inexistence au Sénégal d’un organe de gestion des élections) indépendant –la CENA assure plutôt les fonctions de Supervision- l’organisation des élections n’entraine pas des récurrentes contestations comme au Cameroun ?
  7. Pourquoi au Sénégal (en dehors de l’épisode Wade/Diof) les vaincus sont toujours prompts à reconnaitre leur défaite alors qu’au Cameroun ce fait reste inédit, avec en lieu et place le désormais tradition refrain de « victoire volée » ?
    Voilà autant de questions qui pourraient justifier l’assertion selon laquelle, avec l’élection présidentielle du 24 mars, le Sénégal « parle » au Cameroun. Pour autant, il serait faux de postuler qu’en l’état actuel de notre démocratie, le phénomène Sonko/Faye puisse se produire au Cameroun.

II. Dans le contexte camerounais actuel, il est impossible que le phénomène Sonko/Faye se produise au Cameroun.
Les 07 raisons suivantes doivent être prises en considération
a) Un système électoral conçu pour des élections non crédibles
Le premier déterminant de la réussite des alternances au Sénégal réside dans l’existence d’un système électoral permettant de garantir la légitimité des dirigeants élus. Cet acquis de 1999 n’a jamais été remis en question dans ses fondamentaux. Au Cameroun malheureusement, malgré les batailles permanentes de la Société Civile et des acteurs politiques, aucune réforme électorale n’a abouti à un système électoral crédible. Le dernière document pompeusement intitulé « code électoral » en 2012 a fait l’objet d’un ouvrage critique dans lequel je dénombre pas moins de 100 problèmes pour des élections démocratiques. Aujourd’hui au Cameroun, la maitrise du fichier électoral échappe aux acteurs du processus, les candidatures indépendantes sont interdites, la biométrie électorale n’existe pas, les moyens de l’Etat sont mobilisés pour le candidat au pouvoir, les Procès-verbaux remis aux mandataires des candidats sont « nul et de nul effet » face aux PV d’Elecam, les constats de fraudes par acte extrajudiciaire sont proscrits le jour du scrutin, l’organe de gestion des élections est au service d’un candidat, le Conseil constitutionnel qui doit gérer le contentieux et proclamer les résultats est au service d’un candidat…
b) L’égocentrisme des acteurs politiques. L’impasse dans la bataille des idées.
L’un des problèmes majeurs de la lutte pour le Changement au Cameroun est l’absence des débats d’idées qui se caractérise par l’égocentrisme de plusieurs leaders. L’on a noté par exemple au Sénégal qu’à aucun moment, des logiques messianiques n’ont été vendues à l’opinion.

Le mouvement PASTEF par exemple s’est structuré et s’est imposé par les idées de ruptures plurielles qu’il diffusait et non par la posture du Sonko, le messie sans lequel rien n’est possible. Le mouvement a travaillé sur la rupture avec l’ordre néocolonial, la rupture générationnelle, la rupture dans la gouvernance. Cette logique a ainsi permis au peuple de croire et d’acheter « le projet » et non un individu, d’où la facilité avec laquelle, un quasi inconnu 4ème personnage du PASTEF désigné comme candidat de substitution 2 mois avant l’élection a pu remporter la victoire finale.
c) L’exacerbation du tribalisme et du régionalisme
Au Cameroun, le régime en place a fait de l’exacerbation du tribalisme un pilier déterminant de sa pérennisation au Pouvoir. Aujourd’hui le repli identitaire, ambiant et entretenu, caractérise de plus en plus les politiques et altère les choix des citoyens. Il en découle une indispensable prise en compte de ces questions ethniques et régionalistes dans la construction des dynamiques de prise de pouvoir par les urnes.

d) L’inflation des initiatives auto neutralisantes des Coalitions des forces de changement.
Les Coalitions à succès dans les pays comme le Sénégal, se sont faites autour des projets alternatifs. Au Cameroun, la constitution d’une coalition forte qui transcende les questions régionales et ethniques constitue une condition sine qua none pour la construction de la Masse critique électorale indispensable pour faire face à un système électoral vicieux. Malheureusement à l’approche de 2025, des initiatives de coalitions sont signalées çà et là et se caractérisent pour l’instant par une adversité des unes contre les autres, avec pour conséquence directe, la consolidation de l’ordre néocolonial. La lecture que nous faisons pour l’instant et que lorsqu’elles ne sont pas constituées dans une perspective de personnification de la lutte pour le Changement, ces initiatives s’illustrent par l’absence de visibilité de l’orientation stratégique devant permettre d’obtenir les résultats escomptés.
e) Une société civile minée
Le Régime de Yaoundé a réussi à diluer l’environnement de la Société civile Camerounaise. Celle qui est restée engagée pour l’amélioration de la situation des camerounais en œuvrant pour une gouvernance moins prévaricatrice, a, pour l’instant, de la peine à se structurer et à conduire la mobilisation nécessaire pour les réformes indispensables. Le pouvoir de Yaoundé ayant réussi à créer sa propre société civile qui réussit à distraire le discours porté par la vraie société civile, altérant ainsi la visibilité de la communauté internationale sur la gravité de la situation au Cameroun.
f) L’impossibilité des Candidatures indépendantes.
Dans des pays comme le Sénégal, la place importante de la Société civile en tant qu’interface de la population a entrainé la valorisation des candidatures indépendantes dans le système électoral. Une telle provision permet de limiter la « dictature » des partis politiques.
g) Un Conseil Constitutionnel INCAPABLE de déclarer PERDANT le candidat du Système
L’un des piliers de la pérennisation du régime néocolonial de Yaoundé a été la transformation de la démocratie apparente en démocrature ambiante. Cela se traduit par la caporalisation de l’ensemble des piliers de la démocratie. Le Conseil Constitutionnel n’échappe pas à cette logique au Cameroun. Par sa composition et son fonctionnement, cet organe reste un instrument au service du régime de Yaoundé. 09 des 11 membres sont issus des rangs du RDPC et gardent pour la plupart leur statut de militant et sont donc appelés à faire allégeance à celui qui les a désigné.
h) L’absence de MCE et la regrettable apathie électorale
Une analyse de l’historicité des élections au Cameroun nous renseigne sur la constante des principales élections au Cameroun sous l’ère multipartite. Il s’agit de l’apathie électorale qui se traduit par un corps électoral oscillant autour de 4500 000 votants. L’autre constante est le fait que le RDPC et Monsieur Biya se sont rassurés de disposer dans ces volants une assiette permanente de 3 500 000 noms d’électeurs. Tant que cette tendance n’est pas inversée, le fichier électoral actuel ne pourra JAMAIS produire ce qu’on vient de voir au Sénégal.

III. L’urgence de créer les conditions nécessaire pour l’avènement d’une alternance crédible au Cameroun. Les 07 repères clés.
Au regard de tout ce qui précède, il est important pour les camerounais de prendre conscience de la gravité de la situation et subséquemment du rôle crucial qu’ils doivent jouer pour une alternance sérieuse au sommet de l’Etat. Dans cette perspective, je suis obligé de rappeler ici, les recommandations clés que nous avons formulées avec le feu Cardinal Christian Tumi dans un ouvrage en 2008 (livre disponible pour plus de détails).
1- Les Camerounais doivent s’atteler à construire une Masse Critique Electorale (MCE) en s’inscrivant massivement sur les listes électorales
2- Pour cela il est nécessaire de créer l’électrochoc qui va booster ces inscriptions en proposant un projet alternatif basé sur une transition politique devant conduire à la 3ème République
3- Il faut s’assurer des garanties du contrôle de cette Transition par le Peuple en imposant une gestion partagée de la période de transition.
4- Il faut impérativement susciter une convergence des forces de changement devant conduire à la désignation du candidat de consensus (pas le Candidat unique) et des membres du Conseil National de Transition.
5- Il faut prévoir pendant cette période transition, la mise en place d’une Commission Vérité Réconciliation.

Dr. Hilaire Kamga, Juriste | Mandataire de l’offre Orange pour l’alternance pacifique au Cameroun.


6- Il faut battre campagne avec ce programme de transition avec un « ticket » constitué du futur Président de Transition et du Coordonnateur du Conseil National de Transition.
7- Il faut imposer symboliquement dans la conscience populaire l’idée de rupture avec cette possibilité d’abréger le mandat reçu du peuple à 04 ans nécessaire pour conduire la transition.

Fait à Douala le 26 Mars 2024
Hilaire KAMGA
Email. Hilairekamga90@yahoo.fr

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