Par Sandra Embollo
Après avoir entendu 11 semaines de témoignages, un juge entendra jeudi les plaidoiries finales dans une affaire judiciaire qui pourrait démanteler l’empire commercial de l’ancien président Donald Trump basé à New York. La décision finale dans le procès pour fraude civile de Trump – que le juge Arthur Engoron devrait rendre plus tard ce mois-ci – pourrait non seulement coûter à Trump des centaines de millions de dollars, mais également l’exclure du secteur immobilier new-yorkais qui l’a propulsé au rang de célébrité et , plus tard, la présidence américaine.
Renforçant sa cause après avoir présenté plus de deux douzaines de témoins, la procureure générale de New York, Letitia James, a allégué que Trump, ses fils adultes et ses principaux adjoints avaient gonflé les actifs répertoriés dans son état financier annuel, connu sous le nom d’état de la situation financière ou Sfc. Ces déclarations ont donné aux prêteurs de Trump un faux sentiment de confiance quant à leurs relations commerciales avec lui, ce qui les a amenés à offrir à Trump des taux d’intérêt plus favorables que ceux qu’il aurait autrement reçus, a allégué James.
En se basant sur la vente de deux propriétés fondées sur ces états financiers et sur de multiples transactions de prêt, James allègue que les surévaluations de Trump lui ont permis, ainsi qu’à ses fils, d’empocher frauduleusement environ 370 millions de dollars sur une décennie. “La conclusion selon laquelle les accusés avaient l’intention de frauder lors de la préparation et de la certification des Sfc de Trump est inéluctable ; la myriade de stratagèmes trompeurs qu’ils ont utilisés pour gonfler la valeur des actifs et dissimuler les faits étaient si scandaleux qu’ils démentent toute explication innocente”, a déclaré le procureur Kevin Wallace dans un dossier la semaine dernière qui demandait à Trump une amende de 370 millions de dollars plus les intérêts.
Les avocats de Trump ont riposté lors d’une longue procédure de défense impliquant une petite armée d’experts – qui a coûté ensemble à Trump plus de 2,5 millions de dollars – dans laquelle ils ont tenté de renverser la tendance dans une affaire qu’Engoron a partiellement tranchée avant que le premier témoin ne soit appelé. Dans un jugement sommaire partiel rendu à la veille du procès, Engoron a déterminé, sur la base des incohérences dans les états financiers et les documents justificatifs de Trump, que l’ancien président avait gonflé sa valeur nette jusqu’à 2,2 milliards de dollars grâce à des documents qu’il avait utilisés pour sécuriser des affaires clés.
Dans la même décision, Engoron a déclaré que les preuves et les témoignages présentés au procès couvriraient six allégations supplémentaires, qui reposaient sur la preuve de l’intention des accusés et de la prétendue pertinence des états financiers de Trump pour les prêteurs. Les avocats de la défense ont fait valoir que le procureur général de New York n’avait pas réussi à prouver que Trump et ses fils avaient l’intention de commettre une fraude lorsqu’ils avaient certifié les états financiers de l’ancien président, et que ses prêteurs n’avaient pas considéré ces déclarations comme pertinentes lorsqu’ils avaient décidé de faire affaire avec Trump. “Aucune banque n’a porté plainte contre quiconque est accusé dans cette affaire, car il n’y a eu aucun dommage et il n’y a eu aucune victime”, a déclaré la porte-parole juridique de Trump, Alina Habba, lors du procès.
“Il est contrôlé par Tish James, ce qui est une chose horrible”, a déclaré Trump dans une déclaration vidéo publiée mardi sur les réseaux sociaux. Trump avait initialement prévu de prononcer personnellement une partie de sa déclaration finale, mais ce plan a été mis en doute après que les avocats de Trump ont refusé d’accepter les règles fixées par Engoron.
On ne sait pas si les avocats de Trump feront un effort de dernière minute pour que Trump s’exprime devant le tribunal, mais les chances globales de succès de Trump dans cette affaire semblent de plus en plus improbables. Dans une décision rendue le mois dernier, alors que les témoignages commençaient à se terminer, Engoron a déclaré qu’il n’était pas convaincu par les principales affirmations des avocats de Trump. “Les accusés avancent également deux de leurs canards standards, à savoir que les évaluations sont subjectives et que la loi ne pénalise que les écarts “matériels””, a écrit le juge. “Ces deux éléments entrent dans la catégorie ‘Que personne ne soit dupe.”
“Les évaluations, telles qu’elles ont été expliquées jusqu’à la nausée dans cet essai, peuvent être basées sur différents critères analysés de différentes manières”, a déclaré Engoron. “Mais un mensonge reste un mensonge.”
