Par Adam Newman
M. Cohen a déclaré lundi au procès criminel que M. Trump lui avait dit à l’époque «de s’en occuper », après avoir appris qu’un portier de la « Trump Tower » avait affirmé que l’homme d’affaires avait engendré un enfant hors mariage. Le portier a reçu 30 000 $ pour garder cette histoire « hors du marché », même si l’allégation s’est finalement révélée non fondée. Un épisode similaire s’est produit lorsque M. Cohen a alerté M. Trump qu’un mannequin du magazine « Playboy » avait allégué qu’elle avait eu une liaison extraconjugale avec le riche homme d’affaires. Encore une fois, l’ordre de M. Trump était clair, selon le témoin Cohen: « Assurez-vous que ce ne soit pas publié ». La femme a finalement reçu 150 000 $ pour garder le silence.
M. Cohen, ancien avocat et « arrangeur personnel » de M. Trump, est de loin le témoin le plus important de la poursuite dans cette affaire. Sa comparution très attendue à la barre, à Manhattan, signale que le premier procès criminel de l’ancien président américain entre dans sa dernière ligne droite. Les procureurs affirment qu’ils pourraient terminer la présentation de leurs preuves d’ici la fin de cette semaine.
Le témoignage d’un témoin ayant une connaissance aussi intime des activités de M. Trump pourrait accroître l’« exposition juridique » du candidat républicain présomptif à l’élection présidentielle de novembre, si les jurés jugent M. Cohen suffisamment crédible. Mais sur le plan politique, le fait que les procureurs s’appuient sur un témoin au passé aussi trouble — M. Cohen a plaidé coupable à des accusations fédérales liées aux paiements et au fait d’avoir menti au Congrès — pourrait constituer une aubaine pour M. Trump, qui cherche à collecter des fonds sur la base de ses déboires juridiques et présente l’affaire comme le produit d’un système judiciaire corrompu.
Les jurés avaient certes déjà entendu parler de la pratique du « catch-and-kill» de l’industrie des tabloïds, par laquelle les droits sur un article peuvent être achetés afin d’étouffer une histoire embarrassante. Mais le témoignage de M. Cohen est particulièrement important pour les procureurs, en raison de sa proximité avec M. Trump et parce qu’il soutient qu’il se coordonnait directement avec son patron de l’époque au sujet de règlements pour acheter le silence.
Outre les paiements versés au portier et au mannequin de «Playboy», une autre somme a été versée à l’actrice du porno Stormy Daniels. Elle a déclaré sous serment la semaine dernière aux jurés que les 130 000 $ qu’elle avait reçus visaient à l’empêcher de rendre publique une relation sexuelle qu’elle dit avoir eue avec M. Trump dans la suite d’un hôtel dix ans plus tôt. Les remboursements que M. Cohen a ensuite reçus après ces « règlements » constituent la base des accusations portées contre M. Trump – 34 chefs d’accusation pour falsification de dossiers financiers. Les procureurs affirment que les remboursements à Me Cohen a été enregistrés dans les livres comme des « frais juridiques » pour dissimuler leur véritable nature — en violation de la loi.
Pour établir que ces règlements ont été conclus avec l’approbation de M. Trump, les procureurs ont obtenu le témoignage de M. Cohen, qui a été cadre supérieur au sein de la « Trump Organization» pendant une dizaine d’années. La poursuite veut montrer que M. Trump était un dirigeant d’entreprise qui s’impliquait beaucoup dans la gestion quotidienne.
Les procureurs devraient tenter d’atténuer ces attaques en obtenant un témoignage détaillé de M. Cohen sur ses crimes passés. Ils ont également appelé d’autres témoins dont les récits, espèrent-ils, étayeront ce témoignage, notamment d’un avocat qui a négocié les versements secrets, d’un éditeur de tabloïd qui s’est engagé à être les « yeux et les oreilles » de la campagne Trump, et de Stormy Daniels elle-même. L’accusé est resté assis en silence, les yeux fermés, pendant le témoignage de M. Cohen lundi matin. M. Trump n’a pas semblé établir un contact visuel avec le témoin lorsqu’il est venu à la barre.
Lors d’un grand rassemblement samedi, dans la station balnéaire de Wildwood, dans le sud du New Jersey, M. Trump a ravivé ses critiques à l’égard de cette affaire, accusant à tort le président Joe Biden d’avoir orchestré les accusations portées à New York, qualifiant l’affaire de « procès-spectacle de Biden ». Cet argument ne tient pas compte du fait que l’affaire des pots-de-vin a été déposée par des procureurs locaux de Manhattan qui ne travaillent ni pour le département fédéral de la Justice ni pour aucun autre service de la Maison-Blanche.
Le département de la Justice a déclaré que la Maison-Blanche n’était pas impliquée dans les deux affaires pénales engagées contre M. Trump par le procureur spécial Jack Smith.
