Avec l’Express
Ce qui ne signifie pas que le choix du futur président américain, entre Donald Trump et Joe Biden, lui soit indifférent. En fait, le candidat républicain aurait les faveurs du pays de Xi Jinping, parce qu’il “se met en porte-à-faux avec tous les alliés potentiels des Etats-Unis, et in fine n’a pas tant un objectif géostratégique qu’une ambition strictement personnelle de puissance et de réélection en interne, justifie l’économiste de l’institut Merics, François Chimits. Ce qui dérange le plus Pékin est la construction d’alliances par les Etats-Unis”, dans la mesure où “les Américains ne sont plus assez puissants d’un point de vue économique et géopolitique pour, seuls, entraver sa remise en cause de l’ordre international”. Or Joe Biden est plus enclin à favoriser de telles unions que son concurrent dans la course à la Maison-Blanche.
Le secteur tech visé par Biden
Même conclusion en matière d’échanges commerciaux. Les Chinois redoutent davantage la stratégie du démocrate, plus subtile et plus néfaste pour leur économie. “Biden a une façon beaucoup plus ciblée d’aborder la question, avec des mesures de principe circonscrites aux secteurs technologiques de pointe.” Des domaines dans lesquels, justement, Pékin cherche à monter en puissance… François Chimits, également affilié au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), rappelle que l’impact des décisions de l’actuel président s’est révélé bien plus significatif pour la Chine, se traduisant notamment dans les performances de l’entreprise Huawei.
Mais quid de l’imprévisibilité légendaire du républicain, qui fait frémir les diplomates comme les traders ? Certes, la volatilité des marchés financiers risque fort de s’accentuer. Mais Xi Jinping voit plus loin, juge François Chimits. A court terme, “les Chinois sont prêts à payer le prix de l’incertitude liée à Trump, s’ils en tirent des bénéfices à long terme”.