Par Julie Peh
Lors d’un meeting dans l’Ohio samedi 16 mars, Donald Trump, candidat républicain à la prochaine élection présidentielle américaine, a tenu des propos qui ont suscité autant de débats que de questionnements. A l’issue de son discours, de nombreux observateurs ont cité l’ancien président des Etats-Unis, indiquant qu’il prévoyait un « bain de sang » («bloodbath», en anglais) pour le pays, s’il n’était pas élu. Donald Trump veut être intronisé mardi comme le champion incontesté des républicains lors de la grande journée du “Super Tuesday” et enterrer définitivement sa rivale Nikki Haley, pour se consacrer à son nouveau duel face à Joe Biden. Du Maine à la Californie, du Texas à la Virginie, de l’Alaska à l’Alabama, des millions d’Américains sont appelés aux urnes pour désigner leurs prétendants démocrate et républicain à l’élection de novembre.
Le candidat à la présidentielle, a eu quelques soucis avec son prompteur lors d’un meeting de campagne samedi à Dayton, dans l’Ohio. L’ancien président a plaisanté en accusant Joe Biden d’être à l’origine du problème technique, avant de déclarer que les conséquences seraient désastreuses s’il perdait l’élection présidentielle américaine de 2024.
Côté francophone, par exemple, la journaliste Laurence Haïm, ancienne correspondante à Washington, a relayé cette citation, y ajoutant comme souvent son analyse personnelle :
« Cette élection peut précipiter en effet les Usa dans une guerre civile.»
A l’inverse, les soutiens de Trump dénoncent les fake news relayées par les médias, notamment américains, qui titrent sur «le bain de sang» annoncé par Trump, sans replacer l’expression dans son contexte. La réalité, au-delà d’une annonce en bonne et due forme d’une guerre civile ou d’un «hoax» des médias, est plus nuancée. De fait, la phrase polémique est à replacer dans un contexte plus large. En regardant la version complète de son discours, on note que Donald Trump est en train d’opérer, à ce moment-là de sa prise de parole, un long développement sur l’économie du pays. Plus précisément, il s’attarde sur qu’il présente comme la vente de voitures chinoises construites au Mexique, à destination des Américains, qu’il souhaite taxer à la frontière. Voici ce que l’ancien président affirme :
«Le Mexique, sur trente ans, a récupéré 34 % de la fabrication automobile de notre pays, pensez-y. La Chine, aujourd’hui, est en train de bâtir des usines énormes, pour construire les voitures au Mexique et ils pensent qu’ils vont ensuite les vendre aux Etats-Unis, sans taxe à la frontière. Laissez-moi vous dire : si vous m’écoutez président Xi – et lui et moi sommes amis mais il comprend ma façon de faire –, ces usines monstres que vous êtes en train de construire au Mexique en ce moment, et vous pensez que vous allez nous vendre ces voitures sans embaucher des Américains, on va mettre une taxe de 100 % sur chacune de ces voitures qui traversent la frontière et vous ne pourrez pas les vendre… Si je suis élu !» Il poursuit : «Mais si je ne suis pas élu ça va être un bain de sang pour toute… et ce sera le moindre des problèmes. Ce sera un bain de sang pour le pays, et ce sera le moindre des problèmes, mais ils ne vendront pas ces voitures et ne construiront pas ces usines.»
Pour les démocrates, la remise en contexte ne suffit pas à soulever toute ambiguïté. L’équipe de Joe Biden a même publié un communiqué ce dimanche, dénonçant les propos de Trump et l’accusant de « redoubler ses menaces de violence politique » et de vouloir « un autre 6 janvier », allusion à l’assaut du Capitole par des partisans de l’ancien président.