Par Sandra Embollo
Interrogée ce jeudi sur RTL sur l’augmentation probable des billets d’avion en raison de la nouvelle taxe annoncée la veille par le gouvernement sur les grands aéroports, la directrice générale d’Air France a répondu que «dans les prochains mois, probablement pas», mais que «dans les années à venir, avec la transition environnementale et l’ambition de décarbonation, il faudra effectivement payer un peu plus cher ses billets d’avion».
«Je crois qu’il y a eu une inflation dans tous les secteurs qui a déjà marqué les billets d’avion, même si nous essayons de contenir nos coûts», a-t-elle expliqué, assurant que son groupe ne décidait pas seul d’augmenter ses prix. «Sur un Paris-New York, vous avez des dizaines de compagnies qui opèrent, nous ne décidons pas seuls d’augmenter nos prix, c’est tout le secteur qui décide», s’est-elle ainsi exprimée, évoquant «une garantie pour le consommateur».
Pour autant, la directrice générale d’Air France a bien souligné que la décarbonation était une «priorité». «C’est crucial, existentiel pour nous», a-t-elle dit, précisant que celle-ci avait un coût. «On a maintenu le cap de renouvellement de notre flotte malgré le Covid (…) premier levier de la décarbonation», s’est-elle félicitée, au lendemain de l’annonce de la commande de 50 Airbus A350 pour Air France-KLM. Selon elle, les nouveaux avions produisent en effet «25% de CO2 en moins», et consomment «25% de fioul en moins» tout en assurant un «meilleur standard».
«Ce n’est pas du tout une bonne nouvelle»
Pour autant, Anne Rigail n’a pas caché que cette nouvelle taxe n’était «pas du tout une bonne nouvelle», dans la mesure où les aéroports concernés allaient forcément «déverser ces surcoûts sur les compagnies aériennes». «On paie 3 milliards d’euros par an de taxes d’impôts et de redevances», s’est-elle défendue. Pour elle, cette nouvelle fiscalité prévue dans le projet de budget 2024 pour financer la transition écologique va ainsi induire «une nouvelle distorsion de concurrence» qui va «faire du mal» aux compagnies aériennes françaises.
«Ce qui nous pose problème dans ce projet de loi, c’est que seuls les gros aéroports seront concernés, (…) sur lesquels Air France mais aussi l’ensemble des compagnies françaises opèrent majoritairement alors qu’un aéroport comme Beauvais, sur lequel les compagnies low cost étrangères opèrent, ne sera pas concerné parce qu’il n’a pas le niveau d’activité ou de chiffre d’affaires», a-t-elle affirmé, faisant clairement référence à la compagnie irlandaise Ryanair, très présente dans l’Oise.
Sauf qu’«acheter des nouveaux avions, ou investir dans le carburant, c’est cher», selon elle, pour qui c’est «logique que les compagnies françaises ne paient pas l’essentiel des taxations françaises». «Quand on regarde les niveaux de trafic depuis 15 ans, le poids des compagnies françaises régresse d’année en année. Pour nous, cela induit une nouvelle distorsion de concurrence qui va nous faire du mal», a-t-elle conclu.