Par Arlette Akoumou Nga Avec Afp
L’adoption d’une loi permettant l’expulsion des migrants vers le Rwanda a déclenché leur départ du Royaume-Uni. Mohammed, originaire d’Afghanistan, qui refuse de donner son nom de famille, explique avoir embarqué dimanche sur un ferry de Liverpool à Belfast, en Irlande du Nord, avant de se rendre à Dublin en bus.
“J’ai eu très peur d’être envoyé au Rwanda”, explique-t-il à l’Afp devant l’Office de la protection internationale, qui traite les demandes d’asile. A 25 ans, il dort désormais sous une tente à l’extérieur du bâtiment.
“Maintenant, je ne sais pas quoi faire, il n’y a pas d’abris, mais au moins je me sens en sécurité”, dit-il après avoir déposé une demande d’asile.
Une centaine de tentes ont poussé devant l’Office, depuis que le gouvernement irlandais a cessé il y a quelques mois de fournir un hébergement aux demandeurs d’asile, dans un contexte d’aggravation de la crise du logement et de montée du sentiment anti-immigration.
Les autorités ont encore tenté mercredi d’évacuer les tentes et de transférer les migrants afin qu’ils aient de meilleures conditions d’hébergement, avec des toilettes, des douches, des espaces intérieurs où se procurer de la nourriture.
Mais pour beaucoup de migrants comme Mohammed, être sous une tente est la moins pire des solutions. “Dans mon pays, il y a les talibans. Et je ne peux pas me sentir en sécurité au Royaume-Uni” en raison du risque d’être expulsé vers le Rwanda, dit-il.
“Pourquoi ai-je quitté mon pays, l’Afghanistan, s’ils m’envoient là-bas ?”,lance-t-il.
Ici pour rester
Lucas, un demandeur d’asile originaire du Nigeria, raconte qu’il y a eu un afflux de personnes arrivant d’Irlande du Nord ces derniers jours “à cause de la loi sur le Rwanda”. “Le Rwanda n’est pas sûr”, dit cet homme qui dit avoir pris l’avion pour Belfast, en Irlande du Nord, avant de prendre un bus pour rejoindre Dublin.
Le fait que Londres n’accepte pas les retours de migrants est “une bonne nouvelle”, se félicite Lucas. “Nous sommes ici pour rester”. La menace d’être expulsé au Rwanda dissuade les migrants de rester au Royaume-Uni, estime Amir Zeb, un Pakistanais de 39 ans qui campe depuis un mois devant l’Office de la protection internationale. Lui s’est rendu directement en Irlande depuis Bahreïn.
“Le Rwanda ressemble au Pakistan ou à l’Afghanistan, c’est un pays pauvre comme le nôtre où il n’y a pas de (respect, ndlr) des droits humains”.
ajoute-t-il.